Pour un traitement anticoagulant prolongé après une maladie thromboembolique veineuse non provoquée - 24/02/22
Résumé |
Une maladie thromboembolique veineuse (MTEV) « non provoquée » (appelée parfois « idiopathique ») est classiquement définie comme une MTEV survenant en l’absence de facteurs « provoquants transitoires » (chirurgie, fracture, alitement, exposition hormonale chez la femme) et en l’absence de cancer. Chez ces patients, le risque de récidive après arrêt d’un traitement de 3 à 6 mois est trois fois plus élevé que chez ceux ayant une MTEV provoquée par un facteur majeur transitoire. Il a été aussi montré que chez ces patients, un allongement de la durée de traitement à 1 ou 2 ans est bénéfique tant que le traitement est poursuivi mais que ce bénéfice est perdu une fois le traitement stoppé, comparé à un traitement de 3 ou 6 mois. Par conséquent, il n’y a que deux options : soit un traitement court de 3 ou 6 mois, soit un traitement non limité. Plusieurs arguments plaident en faveur d’un traitement non limité pour une majorité de ces patients. (1) Le tableau clinique de récidive thromboembolique mime le tableau initial. Ainsi, après arrêt des anticoagulants pour une EP, la récidive survient sous la forme d’une EP dans 80 % avec une mortalité spécifique de 10 % de létalité, ce risque restant donc longtemps supérieur au risque de décès par hémorragie grave sous anticoagulant. Dans le cas d’une thrombose veineuse profonde (TVP) non provoquée, en revanche, le risque de décès par récidive pourrait être inférieur au risque de décès par hémorragie sous traitement. (2) À 10 ans, ce sont presque 50 % des patients qui auront récidivé ; or la récidive étant non provoquée dans 90 % des cas, aucune méthode autre que les anticoagulants ne permet une prévention secondaire efficace. (3) S’il est important d’identifier les patients à faible risque chez qui le traitement pourrait être stoppé, les biomarqueurs et les scores disponibles ont un pouvoir discriminant ou une rentabilité trop faible à ce jour. (4) Les anticoagulants oraux directs, associés à une réduction relative du risque d’hémorragie grave de 50 % comparé aux antivitamines K, permettent une amélioration du bénéfice risque sur les traitements prolongés, ce bénéfice pouvant être encore amélioré lorsque poursuivis à demi-dose. Ainsi, excepté les femmes de moins de 50 ans, avec ou sans exposition hormonale, un traitement non limité doit être proposé pour une majorité de patients ayant eu une première EP non provoquée ; cette approche reste nuancée en cas de première TVP non provoquée.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Maladie thromboembolique veineuse, Durée de traitement
Plan
Vol 47 - N° S
P. S7 - mars 2022 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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