La sémiologie en psychiatrie est associée à de nombreux enjeux pratiques et théoriques, souvent moins abordés que ceux de la nosographie et des systèmes classificatoires. La dimension sémiologique de l'identification des manifestations mentales garde une place centrale dans la clinique psychiatrique dans la mesure où les symptômes et signes sont considérés comme les « unités d'analyse » qui doivent être saisies en vue d'établir un diagnostic de trouble mental. Pour autant, l'expression de ces unités d'analyses est le résultat d'une interaction complexe entre un signal (biologique et psychologique) et un ensemble de coordonnées biographiques et sociales, que l'entretien clinique doit être en mesure de prendre en compte lors du recueil sémiologique. Le regroupement des symptômes et signes cliniques se fait ensuite suivant les cadres nosographiques classiques du DSM (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders) ou de la CIM (Classification internationale des maladies). Des regroupements alternatifs sont également proposés actuellement (RDoC [research domain criteria], HiTOP [hierarchical taxonomy of psychopathology], projet Psychosystems). La place de la sémiologie dans ces cadres nosographiques reste cependant à chaque fois assez peu discutée. Afin de renforcer la recherche rigoureuse en sémiologie psychiatrique, une étude attentive de chaque symptôme par une approche historique et épistémologique est nécessaire, soucieuse des enjeux plus généraux que soulève la sémiologie psychiatrique en termes de questionnement sur le rapport corps/esprit, sur le normal et le pathologique, sur le subjectif et l'objectif, sur le dire et l'observé, et enfin sur le fait et la norme.