Cet article est le fruit d’une coopération entre une psychologue clinicienne du travail en Service de Santé au Travail et d’un psychologue clinicien au sein d’un Centre d’évaluation et de traitement de la douleur. Au point de départ de tout cela, il y avait un intérêt commun de l’une et de l’autre pour les questions du travail et de la douleur ainsi qu’un constat : la question du maintien ou du retour à l’emploi nous occupe constamment. Ce papier est le résultat d’une telle rencontre et un exposé des ouvertures qu’elle a permises dans le croisement de la clinique de la douleur et d’une approche théorique, la psychodynamique du travail, à une heure où l’on sait que les voies de compréhension de la problématique douloureuse ne s’ébauchent que dans la pluridisciplinarité. La douleur, et particulièrement la douleur chronique, est un enjeu sociétal et de santé public qu’on ne peut plus négliger et qui appelle sans cesse à de nouvelles ouvertures, constructions, explorations. Nous croyons qu’il se trouve dans l’écoute du travail, en amont de l’adressage en structure douleur comme à partir de celui-ci, un maillon particulièrement fécond pour éclairer de telles problématiques. Ce maillon semble être celui de la reconnaissance. Celle-ci est au cœur des consultations douleurs comme des services de santé au travail, mais ne s’y travaille pas de la même manière. Les auteurs proposent de montrer combien la reconnaissance au travail importe dans la stabilité identitaire d’un patient, jusqu’aux structures de traitement de la douleur où celle-ci prend une forme particulière.

This article is the result of a cooperation between a clinical psychologist of work in a Work Health Service and a clinical psychologist in a Pain Treatment Center. At the beginning of it all, there was a mutual interest for Work and Pain issues, as well as an observation: the question of maintaining or returning to employment is a constant concern for us. This paper is the result of such a meeting and an exposition of the openings that it allowed in the intersection of the clinic of pain and a theoretical approach, the psychodynamics of work, at a time when we know that the pathways understanding of Pain can only be sketched out in multidisciplinarity. Pain, and particularly chronic pain, is a societal and public health issue that can no longer be neglected and which constantly calls for new openings, constructions and explorations. We believe that in listening to work, upstream of addressing pain structure as from this, it is a particularly fruitful link to shed light on such issues. This link seems to be the recognition in work. This is at the heart of both pain consultations and occupational health services, but does not work in the same way. The authors propose to show how much recognition at work matters in the identity stability of a patient, up to the pain treatment structures where it takes a particular form.