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Discours et psychotropes - 16/06/22

Discourse and psychotropic drugs

Doi : 10.1016/j.evopsy.2021.05.001 
Jean-Louis Feys  : Psychiatre
 CP Saint-Bernard-Manage, 12, avenue Henri-Lepage, 1300 Wavre, Belgique 

Auteur correspondant.

Résumé

Objectif

L’action des soignants en santé mentale porte sur la pensée du patient et notre principal accès, à ces pensées, est l’écoute des paroles du patient. Il est important de distinguer, dans cette parole, la dimension de l’énoncé de celle de l’énonciation. Ceci est également valable pour la prescription des psychotropes. Cet article a pour objectif de repositionner la question des discours au centre des préoccupations en santé mentale et d’attirer l’attention des psychiatres et des autres soignants, sur le concept d’énonciation, que ce soit pour la question de la psychothérapie, mais aussi pour celle de la prescription de psychotropes.

Méthode

L’article opère un détour par la linguistique en retraçant son évolution : de l’associationnisme et des aires cérébrales des idées à la linguistique structurale et, plus récemment, à l’émergence de la distinction entre énoncé et énonciation. Cette distinction vient ébranler la discipline en y introduisant les questions du sujet et de la vérité. L’article mentionne ensuite l’influence de la linguistique en psychiatrie et rappelle que la question de l’énonciation était déjà présente dans les travaux de Jacques Schotte et de Jacques Lacan.

Résultats

La tradition psychiatrique n’a pas assez pris en compte cette question de l’énonciation. La sémiologie psychiatrique s’est principalement limitée aux énoncés et aux comportements des patients. Schotte, et surtout Lacan, ont tenté de formaliser l’énonciation et ont traité les questions consubstantielles : le sujet et la vérité.

Discussion

Comment la psychiatrie pourrait-elle intégrer la question de l’énonciation dans sa sémiologie ? Une typologie des discours permet-elle d’établir une sémiologie de l’énonciation ? Les soins (thérapie, psychotropes…) portent-ils d’avantage sur l’énoncé ou sur l’énonciation ?

Conclusion

Les psychotropes ne constituent pas, en soi, le traitement d’une maladie mentale. Leur effet se marque sur l’énonciation de la personne et, éventuellement, sur ses énoncés. C’est une écoute précise de ce discours qui doit permettre de moduler la durée et la dose des psychotropes. Ces derniers peuvent agir sur les possibilités de discours ; ils doivent libérer la parole de telle sorte qu’une pensée (délirante, obsessionnelle, mélancolique ou autre) cesse d’être gênante ou envahissante.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Abstract

Objective

Caregivers in the mental health field deal mainly with patients’ thoughts; their primary access to these thoughts is listening to what the patient says. It is important to distinguish the dimension of utterance from that of enunciation. This also applies to the prescription of psychotropic drugs. This article aims to return the issue of discourse to the center of mental health concerns and to draw the attention of psychiatrists and other caregivers to the concept of enunciation, in the case of psychotherapy but also for the prescription of psychotropic drugs.

Method

The article takes a detour through linguistics by retracing the field's evolution: from associationism and the brain regions associated with ideas to structural linguistics and, more recently, to the emergence of the distinction between utterance and enunciation. This distinction shakes up the discipline by introducing the questions of subject and truth. The article then addresses the influence of linguistics in psychiatry and recalls that the question of enunciation was already present in the works of Jacques Schotte and Jacques Lacan.

Results

The psychiatric tradition has not sufficiently taken the question of enunciation into account. Psychiatric semiology has mainly been limited to patients’ utterances and behaviors. Schotte, and especially Lacan, attempted to formalize enunciation and dealt with consubstantial questions: the subject and the truth.

Discussion

How could psychiatry integrate the question of enunciation into its semiology? Does a typology of discourse allow us to establish a semiology of enunciation? Does care (therapy, psychotropic drugs, etc.) focus more on utterance or enunciation?

Conclusion

Psychotropic drugs are not, in themselves, treatment for mental illness. Their effect is on the person's enunciation and possibly on his or her utterances. The duration and dose of psychotropic drugs is to be modulated by listening carefully to patients’ discourse. Psychotropic drugs can act on the possibilities of speech; they must free speech in such a way that a thought (delirious, obsessive, melancholic, or other) ceases to be embarrassing or invasive.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Mots clés : Psychotrope, Linguistique, Discours, Énoncé, Énonciation

Keywords : Psychotropics, Linguistics, Discourse, Enunciation, Utterances


Plan


 Toute référence à cet article doit porter mention : Feys JL. Discours et psychothropes. Evol Psychiatr 2022 ; 87(2) : pages (pour la version papier) ou URL [date de consultation] (pour la version électronique).


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Vol 87 - N° 2

P. 193-205 - juin 2022 Retour au numéro
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