Empêtré dans une sémiologie qu’elle veut raccorder à la sémiologie médicale, la psychiatrie ne prend pas assez en considération la question du « discours intérieur » alors que de nombreux phénomènes psychiatriques procèdent de l’articulation entre ce discours intérieur et le discours dit « extérieur ».

L’intention de cet article est d’attirer l’attention de la psychiatrie sur cette question du discours intérieur, insuffisamment abordée et analysée par la psychiatrie. La sémiologie proprement psychiatrique devrait s’intéresser d’avantage à cette problématique du discours intérieur. Pour cela, elle pourrait intégrer l’apport de la linguistique moderne, mais aussi redécouvrir et (ré) investir la théorie du langage de Jacques Lacan.

L’article rappelle d’abord les principes de base de la sémiologie psychiatrique en se basant sur les travaux de Lantéri-Laura, Henri Ey et plus récemment ceux de Steeves Demazeux. Il montre comment la psychiatrie est passée d’une sémiologie « classique » fondée sur le corps à celle des facultés mentales, et souligne que la question du discours intérieur ne trouve pas sa place dans ces approches.

Dès lors, il est intéressant de se tourner vers certains linguistes et la théorie du langage de Lacan, de façon à aborder différemment la question des hallucinations et de l’automatisme mental.

Hallucinations, délires, ruminations obsessionnelles et mélancoliques…Tous ces phénomènes sont en rapport avec la question du discours intérieur. Ce qui ne veut pas dire qu’ils sont similaires ou doivent être abordés de manière comparable.

L’être humain semble à la fois parlant par le discours extérieur et parlé en partie par le discours intérieur. Il faut en tenir compte non seulement d’un point de vue sémiologique mais aussi lorsqu’il s’agit d’organiser les soins.

Entangled in a semiology that aspires to imitate medical semiology, psychiatry does not take seriously enough the question of internal discourse, while many psychiatric phenomena relate to the articulation between internal discourse and external discourse.

The intention of this article is to draw the attention of psychiatry to the issue of internal discourse, which is insufficiently addressed within the discipline. Psychiatric semiology should be more interested in and should approach this issue of internal discourse differently. For this, it could integrate the contribution of modern linguistics and rediscover Jacques Lacan's theory of language.

The article first recalls the basic principles of psychiatric semiology based on the work of Lanteri-Laura, Henri Ey, and, more recently, that of Steeves Demazeux. He shows how psychiatry has moved from a classical semiology based on the body to that of mental faculties, more or less attached to bodies. The question of internal discourse does not find its place in these approaches.

Hallucinations, delusions, obsessive and melancholy ruminations… All these phenomena are related to the question of inner speech. This does not mean that they are similar or should be approached in a comparable way.

Human beings seem to be both speaking through their outwardly directed speech and partly spoken, through their internal speech. This must be taken into account not only from a semiological point of view but also when it comes to organizing care.