Rendre compte de la construction, par G. Lantéri–Laura, philosophe et historien de la psychiatrie, d’une phénoménologie de la psychiatrie vouée à l’élucidation critique de ses fondements, indissociable de l’approche concrète de son histoire, appréhendée avec les méthodes du structuralisme.

Les étapes en sont résumées et référées au parcours de leur auteur, non sans rendre hommage à sa personne et à son œuvre.

Cette phénoménologie du fait psychiatrique privilégie l’étude du signe, de ses effets de sens, et requiert la clarification des conditions de sa production, dont le savoir et le savoir-faire qu’elle suppose. Prolongeant les travaux d’E. Minkowski grâce aux principes du structuralisme, G. Lantéri–Laura considère la structure de la sémiotique de la psychiatrie et effectue de nombreux apports à sa sémiologie, notamment du langage. Tenant l’investigation de sa praxis pour inséparable de son histoire, il en forge une périodisation en divers paradigmes, conforme à l’épistémologie de Th. Kuhn et à la conception de l’histoire de Cl. Lévi–Strauss.

Il noue à cette phénoménologie une approche de la subjectivité qui conserve le vœu d’évidence de Husserl, mais sans rejeter l’inconscient, en se gardant de la tendance hégémonique et totalisante de toute psychopathologie par l’élucidation rigoureuse de la sémiotique de la psychiatrie et l’accent mis sur les caractères régional, pluriel et historique de son épistémologie.

G. Lantéri–Laura a proposé une épistémologie phénoménologique de la psychiatrie, inséparable des trois dimensions de la sémiotique, de la subjectivité et de son histoire.

The article aims to give an account of the construction, by G. Lantéri–Laura, philosopher and historian of psychiatry, of a phenomenology of psychiatry dedicated to the critical elucidation of its foundations, inseparable from the concrete approach of its history, apprehended with the methods of structuralism.

The stages of this construction are summarized and connected to the path of their author, while paying tribute to him and his work.

This phenomenology of the psychiatric fact privileges the study of the sign and its effects of meaning, and requires the clarification of the conditions of its production, including the knowledge and the know-how that it supposes. Extending the work of E. Minkowski thanks to the principles of structuralism, G. Lantéri–Laura considers the structure of the semiotics of psychiatry and makes numerous contributions to its semiology, notably of language. Considering the investigation of its praxis to be inseparable from its history, he forges a periodization of it in various paradigms, in conformity with T. Kuhn's epistemology and with C. Lévi–Strauss's conception of history.

Lantéri–Laura links this phenomenology with an approach to subjectivity that keeps Husserl's vow of evidence, but without rejecting the unconscious, thus resisting the hegemonic and totalizing tendency of any psychopathology through the rigorous elucidation of the semiotics of psychiatry and the emphasis put on the regional, plural, and historical characters of its epistemology.

G. Lantéri–Laura has proposed a phenomenological epistemology of psychiatry, inseparable from the three dimensions of semiotics, subjectivity, and its history.