Quels que soient les secteurs professionnels, les salariés connaissent des changements organisationnels qui affectent leur activité au quotidien. Ils sont considérés comme une source de stress qui se traduit parfois par une prise de substances psychoactives. Ce résultat pourrait témoigner de la difficulté des opérateurs à se dégager des marges de manœuvres pour faire face à ces contextes mouvants. Il semble intéressant d’étudier le lien entre les changements organisationnels et la consommation de psychotropes en introduisant la capacité d’adaptation des opérateurs par l’intermédiaire de leur « flexibilité psychologique ».

Une enquête transversale interroge des femmes, majeures, en CDI, lors de leur passage en consultation de santé au travail. Elle explore l’exposition aux changements organisationnels dans le travail, la consommation de psychotropes au cours des douze derniers mois et la flexibilité psychologique. D’autres facteurs comme les indices de santé mentale et de précarité sont introduits dans un modèle multivarié afin de prendre en compte simultanément l’ensemble des variables pouvant avoir un lien avec la consommation de psychotropes.

Un total de 724 questionnaires exploitables sont recueillis par 30 professionnels de santé entre octobre 2019 et mars 2020. Quatre salariées sur 10 signalent un changement organisationnel et une sur 5 consomme au moins une substance psychoactive. Les salariées fortement flexibles pris en référence, celles ayant une flexibilité psychologique intermédiaire ont 2,93 fois plus de risque de prendre au moins un traitement et ce chiffre est de 6,33 chez les salariées les moins flexibles. Au regard des données bibliographiques, le poids de l’effet « changement organisationnel » est étonnamment faible lors de la prise en compte de tous les facteurs.

La faible flexibilité psychologique peut être considérée comme un facteur de risque important de consommation de psychotrope, pour toute organisation de travail, même pour celles qui présentent peu de changements.

Whatever their professional sector, employees experience organizational changes which affect their activity on a daily basis. These changes are considered as a source of stress, sometimes resulting in the use of psychoactive substances. Such consequence could show that operators may not have much room for manœuvre in order to face a shifting environment. It thus seems interesting to study the link between organizational changes and the use of psychotropic drugs by introducing the operators’ adaptability through their “psychological flexibility”.

A cross-cutting survey, carried out during occupational health consultations, has been focusing on adult women with a permanent position. It has been investigating the way these women have been exposed to organizational changes in their job, their use of psychotropic drugs in the last twelve months, as well as their psychological flexibility. Other factors such as indicators of mental health and precariousness have been introduced in a multivariate model in order to take into account all the variables that may be linked to the use of psychotropic drugs.

A total of 724 questionnaires were collected by 30 different health professionals between October 2019 and March 2020. Four out of ten of these female employees reported some organizational change in their job, and one out of five reported using at least one psychoactive substance. The most flexible female employees being considered as the reference, those with intermediate psychological flexibility are 2.93 times as likely to take at least one medical treatment, and the number reaches 6.33 with the least flexible employees. According to bibliographical data, the influence of “organizational changes” is surprisingly low when all factors have been taken into account.

Poor psychological flexibility can be considered as a major risk factor for the use of psychotropic drugs, whatever the workplace, even the ones where few changes occur.