Le rôle éthique de l’ajustement émotionnel dans la relation de soin – l’exemple de la compassion - 29/07/22
The ethical role of emotional adjustement as part of care relationship – The model of compassion
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Résumé |
Les approches phénoménologiques (S.K. Toombs) et narratives (Rita Charon) en médecine ont montré l’importance éthique d’une communication ajustée entre soignants et soignés, tant au niveau du choix des traitements que des modalités éthiquement et médicalement appropriées de l’accompagnement. Nous voudrions mettre l’accent sur la dimension émotionnelle de cet ajustement, en montrant en quoi le partage émotionnel constitue le facteur déterminant du processus de délibération entre soignant et soigné. Nous prendrons ici l’exemple du sentiment de compassion, dans sa double dimension de disposition psychologique et de vertu morale, indiscutablement présent au cœur de toute relation de soin comme sensibilité à la souffrance humaine et à sa prise en condidération. Nous nous interrogerons d’abord sur la fiabilité éthique que l’on peut accorder à la compassion, sur les risques que pourraient engendrer, sur ce point, son caractère asymétrique et sa partialité, et sur ce qui peut la rendre inappropriée, voire inopérante. L’analyse de ces difficultés nous conduira à rechercher ce qui pourrait permettre de garantir à la compassion une réelle valeur sur le plan moral. Nous montrerons qu’assurer cette fiabilité implique plusieurs conditions fondées, d’une part, sur la compréhension de la nature cognitive-évaluative des émotions et, d’autre part, sur la reconnaissance de la complexité du vécu émotionnel. Ainsi, la fiabilité de la compassion pourra-t-elle être établie sur les dispositions réflexives qui lui sont inhérentes, comme à toute autre émotion et, par là , sur notre responsabilité concernant son usage, en particulier en gardant le souci d’en entretenir la puissance de discernement, entre autres, par le recours au récit et à la fiction, dont nous donnerons ici juste deux exemples dignes d’intérêt. Ceux-ci nous montreront combien il est éthiquement important de se rendre sensible aux capacités propres de la personne aidée afin de préserver la compassion de toute dérive vers l’apitoiement ou vers le maintien d’une relation unilatérale de dépendance, par là potentiellement susceptible d’entretenir un sentiment d’humiliation.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Summary |
Phenomenological (S.K. Toombs) and narrative (Rita Charon) approaches in medicine have shown the ethical importance of an adjusted sharing between caregivers and carereceivers, both in the choice of treatments and in the ethically and medically appropriate modalities of the care support. We would like to emphasize the emotional dimension of this adjustment, showing how emotional sharing is the determining factor in the deliberative process within the care relationship. Here we will take the example of the feeling of compassion, in its double dimension of psychological disposition and moral virtue, indisputably present at the heart of every relationship of care, as sensitivity to human suffering and ability to take it into account. We will wonder about the ethical reliability that can be accorded to compassion, about the risks that its asymmetrical nature may entail, about its partiality and about what can make it inappropriate or even inoperative. An analysis of these difficulties will lead us to look for ways to guarantee compassion a real moral value. We will show that ensuring this reliability involves several conditions based on an understanding of the cognitive-evaluative nature of emotions. and on the recognition of the complexity of the emotional experience. Thus can the reliability of compassion be established on the reflexive dispositions related to emotions, and thereby on our responsibility in using them. In particular, we should be concerned to keep alive its power of discernment, including through the use of narrative and fiction, of which we will give just two examples worthy of interest. This examples will show us how ethically important it is to be sensitive to the abilities and dignity of the person being helped, in order to preserve the compassion of any drift towards self-pity, or the maintenance of a unilateral relationship of dependence, thereby potentially eliciting a sense of humiliation.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Communication, Émotions, Compassion, Éthique, Fiction
Keywords : Communication, Emotions, Compassion, Ethics, Fiction
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