La dernière décennie a été témoin du développement remarquable de la science et des technologies appliquées à l’épidémiologie et à la santé publique. On connait aujourd'hui l'arrivée de plus en plus rapide et massive de données complexes auxquelles la capacité humaine pour les gérer et éventuellement les utiliser est limitée. Devant cette situation, une nouvelle discipline nommée science des données s'est développée. Elle permet de collecter l'information la plus utile et la plus pertinente en faisant appel à l'apprentissage automatique (machine learning) afin de traiter, d'analyser et d'interpréter ces données complexes par des algorithmes mathématiques. L'applicabilité d'une telle discipline dans le domaine de la santé publique est déjà envisagée pour l’élaboration des politiques, des programmes de surveillance et pour orienter des interventions plus ciblées.

Par ailleurs, l'ingénierie génétique a ouvert une nouvelle frontière avec les nouvelles dimensions de la technique de modification du génome nommée Crispr-Cas9 (Clustered Regularly Interspaced Short Palindromic Repeats-associated DNA endonuclease 9). Cet outil et d'autres qui continuent de se développer pourraient éventuellement permettre l’éradication de maladies héréditaires, mais l'impact pourrait être d'une ampleur considérable aussi pour les maladies infectieuses à caractère épidémique. La technique permettrait de détecter précocement et à des coûts très faibles des fragments des virus ARN (tels que les responsables de la fièvre d'Ebola) ou d'autres agents infectieux. Son utilisation en diagnostic clinique, en surveillance ou en contrôle d’éclosions est prometteuse. Son application en utilisant les propriétés du forçage génétique ouvre des perspectives d’éradication de vecteurs de transmission d'agents infectieux dont les enjeux méritent réflexion.

Ces disciplines et biotechnologies contribuent au développement de systèmes d'intelligence artificielle capables d'apprendre par eux-mêmes afin d'effectuer ou d'imiter des tâches humaines. Cependant, ces nouvelles avenues posent à la communauté scientifique des défis dont la propriété, le partage, l'applicabilité et l'accessibilité constituent des enjeux éthiques à confronter entre le secteur public et le secteur privé.

À la fin de cette plénière, les participants seront en mesure de:

• Définir la problématique des données massives (volume, vitesse de création, de collecte et de partage, variété d'informations) ;

• Décrire la science des données et son application à l’épidémiologie et à la santé publique ;

• Expliquer les enjeux éthiques des nouvelles technologies en santé publique ;

• Résumer les avenues des nouvelles technologies de l'information et des biotechnologies dans le cadre d'une réflexion éthique.

• Dre Aurélie Labbe, PhD. Professeure titulaire, Département de sciences de la décision de HEC Montréal, titulaire de la Chaire du Fonds de recherche du Québec et de l'Institut de valorisation des données en science des données.

• Dre Anne Cambon-Thomsen, M.D. Directrice de recherche émérite au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Toulouse, France

La séance comprendra deux conférences magistrales de 25 minutes chacune, qui seront suivies par une dernière période de questions de 25 minutes.

• Rebecca Fuhrer, Ph.D. Professeure et chercheure, département d'épidémiologie, biostatistique et santé au travail de l'Université McGill, Montréal, Québec, Canada.

• Julio C. Soto, M.D., Ph.D., C.S.P.Q. Professeur titulaire de clinique, département de médecine sociale et préventive, École de santé publique de l'Université de Montréal et médecin spécialiste, Direction des risques biologiques et de la santé au travail, Institut national de santé publique du Québec, Montréal, Québec, Canada.

Cercle d'Ambassadeurs de Québec, École de santé publique de l'Université de Montréal, Institut national de santé publique du Québec, Institut national de la santé et de la recherche médicale de la France et Université McGill.