L'allaitement maternel modifie favorablement le microbiote intestinal et contribue au maintien de l'intégrité de la barrière intestinale. Selon les études épidémiologiques, l'allaitement maternel tend à réduire le risque de maladies inflammatoires intestinales mais les résultats sont hétérogènes. L'effet de la durée d'allaitement demeure incertain. L'objectif est d'estimer l'association entre l'allaitement maternel et la maladie de Crohn ou la colite ulcéreuse, et l'effet de sa durée.

Une étude cas-témoins a été nichée dans une cohorte de personnes nées au Québec en 1970-1974. L'application d'algorithmes validés à des données médico-administratives a permis d'identifier les témoins et les cas de maladie de Crohn et de colite ulcéreuse. Une sélection aléatoire des témoins et tous les cas ont été invités à participer. Les taux de participation parmi les témoins, les cas de maladie de Crohn et de colite ulcéreuse étaient respectivement de 47 % (n=946), 52 % (n=1212) et 55 % (n=570). L'allaitement maternel, la durée et les facteurs de confusion ont été documentés par questionnaire. Des modèles de régression logistique ont permis d'estimer les rapports de cotes (OR) et intervalles de confiance (IC) à 95 % ajustés pour les facteurs de confusion, séparément pour la maladie de Crohn et la colite ulcéreuse.

Vingt-deux pourcent des témoins ont été allaités, comparativement à 19 % et 23 % des cas de maladie de Crohn et de colite ulcéreuse; 2,7 % des participants ont été allaités plus de six mois. Après ajustement sur les caractéristiques socio-démographiques, aucune association n'a été observée entre l'allaitement maternel et la maladie de Crohn (OR=0,98; IC 95 % 0,77-1,25), la colite ulcéreuse (OR=1,22; IC 95 % 0,92-1,62), ou avec la durée de l'allaitement maternel.

L'allaitement maternel ne semble pas protéger contre la maladie de Crohn et la colite ulcéreuse dans cette population présentant une faible proportion d'allaitement, principalement de courte durée.

Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d'intérêts.