La pandémie COVID-19 faisait craindre une détérioration des prises en charge hors COVID, notamment des infarctus du myocarde et accidents vasculaires cérébraux, tout particulièrement chez les personnes vulnérables. L'objectif était d'étudier l'effet de la première vague de COVID-19 sur la prise en charge des personnes vulnérables victimes d'un infarctus du myocarde ou d'un accident vasculaire cérébral.

Les données étaient issues de deux cohortes de patients hospitalisés pour « infarctus du myocarde » et « accident vasculaire cérébral » entre janvier 2019 et août 2020 inclus dans les registres aquitains cardio-neuro-vasculaires. Les associations entre vulnérabilités (cliniques : âge supérieur à 65 ans, antécédents cardiovasculaires; socio-économiques : indice de défavorisation) et délais de prise en charge ont été analysées par des modèles mixtes de régression linéaire multivariée, avec une interaction sur la période (pré, per, post-confinement).

Au total, 9218 patients ont été inclus (6436 accidents vasculaires cérébraux, 2782infarctus du myocarde). Dans la cohorte « infarctus du myocarde », le délai premier contact médical/revascularisation était plus long chez les personnes âgées (p<0,001) et les personnes « très défavorisées » (p=0,003) sans modification significative liée à la première vague COVID-19 (interaction : p=0,541 pour l’âge, p=0,642 pour l'indice de défavorisation). Dans la cohorte « accident vasculaire cérébral », aucune différence significative du délai admission/imagerie n'a été mise en évidence liée aux vulnérabilités étudiées et à la période COVID-19.

Les mesures mises en place pendant la crise COVID-19 n'ont pas eu d'impact sur les délais de prise en charge des populations vulnérables pour les filières structurées de l'infarctus du myocarde ou de l'accident vasculaire cérébral. En particulier, les disparités de prise en charge préexistantes n'ont été ni accentuées ni réduites.

Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d'intérêts.