Le 26 septembre 2019, à Rouen, un important incendie industriel a engendré un large panache de fumées noires, associé à des retombées de suies, et a été à l'origine de fortes odeurs d'hydrocarbure. Une étude épidémiologique avait pour objectif d’évaluer les conséquences de l'accident, un an après sa survenue, sur la santé mentale de la population exposée.

Un échantillon représentatif de la population d’étude a été constitué par sondage stratifié dans la zone Exposée à l'incendie (Rouen et alentours). Trois troubles ont été étudiés avec des échelles psychométriques auto-administrées (Internet ou papier : PCL-5 pour les troubles de stress post-traumatique, GAD-7 pour l'anxiété généralisée et PHQ-9 pour la dépression. Les divers types d'exposition aux pollutions générées par l'incendie étaient déclarés par le participant. Les données ont été pondérées et redressées.

Le nombre de participants était de 1968, soit un taux de réponse de 20 %. En zone exposée, 6 % des répondants présentaient un trouble de stress post-traumatique probable attribué à l'incendie, 15 % une anxiété généralisée probable et 18 % une dépression probable. Les prévalences étaient significativement plus élevées parmi les participants habitant à moins de 1500 mètres de l'incendie. La présence d'un trouble de stress post-traumatique probable était associée au fait d'avoir entendu le bruit de l'incendie ou les explosions. L'anxiété généralisée probable était également associée au fait d'avoir entendu le bruit de l'incendie, ainsi qu’à la durée d'exposition aux odeurs émises. La dépression probable était associée à la durée d'exposition aux odeurs, et aux retombées de débris de toiture autour du domicile.

Ce travail a permis de décrire l'impact de l'accident industriel sur la santé mentale des personnes exposées, les facteurs qui lui sont associés et ainsi de compléter les mesures de prise en charge médico-psychologique à mettre en œuvre.

Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d'intérêts.