La surveillance épidémiologique de la maladie à coronavirus (COVID-19) se base sur des tests diagnostiques principalement réalisés chez les sujets symptomatiques. La détection des anticorps contre le SARS-CoV-2 (« Severe Acute Respiratory Syndrome 2 ») permet d'avoir une idée plus précise sur la propagation du virus au sein de la population. L'objectif de cette étude était d'estimer la séroprévalence du SARS-CoV-2 au sein de la population générale de la capitale de la Tunisie, avant le lancement de la campagne de vaccination de masse.

Une étude transversale auprès des ménages a été menée dans deux zones de faible et de forte incidence de la ville de Tunis entre mars et avril 2021, coïncidant avec la fin de la deuxième et le début de la troisième vague du COVID-19 en Tunisie. Les anticorps contre les protéines Spike (IgG anti S-RBD) et de la nucléocapside (IgG anti-N) du SARS-CoV-2 ont été détectés à l'aide de deux tests ELISA maison développés à l'institut Pasteur de Tunis. Les résultats ont été pondérés sur l’âge et le sexe.

Un total de 1676 individus ont été inclus dans cette étude avec un âge moyen égal à 43,3 ± 20,9 ans et un sex-ratio hommes/femmes égal à 0,6. Parmi l'ensemble des participants, 10,1 % (Intervalle de Confiance à 95 % [8,8-11,8]) ont bénéficié d'un test diagnostique COVID-19, et seulement 4,4 % [3,5-5,4] ont été testés positifs au SARS-CoV-2. La séroprévalence pondérée des anticorps anti- N et/ou anti-S-RBD était égale à 38,0 % [34,6-41,5]. Parmi les sujets séropositifs, 79,2 % [75,1-82,8] étaient asymptomatiques.

En dépit du faible pourcentage de sujets ayant déclaré avoir été infectés par la COVID-19, plus du tiers étaient séropositifs. Devant l’émergence de nouveaux variants, de futures études de séroprévalence sont nécessaires afin de monitorer l'immunité communautaire naturelle ou acquise par la vaccination et guider les stratégies vaccinales.

Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d'intérêts.