Les variations géographiques de l'incidence du cancer de la prostate suggèrent que des facteurs répartis spatialement pourraient jouer un rôle étiologique important. La défavorisation sociale du quartier peut refléter des contacts sociaux limités et/ou un accès réduit aux informations de santé. Nous avons évalué l'association entre la défavorisation sociale du quartier et le risque de cancer de la prostate.

Un total de 1931 cas incidents de cancer de la prostate et 1994 témoins populationnels ont été recrutés dans une étude menée entre 2005-2012 à Montréal, Canada. Les adresses résidentielles au cours de la vie ont été géocodées et associées à un indice de défavorisation sociale, ainsi qu'aux indicateurs de recensement qui le constituent, au moment du recrutement ( ∼ 2006) et 10 ans auparavant (1996). Des régressions logistiques ont été utilisées pour estimer les rapports de cotes (RC) et les intervalles de confiance à 95 % (IC95 %), ajustés sur les facteurs de confusion potentiels (incluant la défavorisation matérielle du quartier), et les mesures individuelles d'isolement social.

Les hommes résidant dans des zones caractérisées par un niveau élevé de défavorisation sociale présentaient des risques augmentés de cancer de la prostate. Cela s'est avéré vrai pour les deux temps étudiés. Au moment du recrutement, le risque était le plus prononcé pour le cancer de la prostate de haut-grade. Le RC pour le quintile le plus défavorisé était de 1,87 (IC95 %=1,32-2,64), par rapport au quintile le plus favorisé. Les indicateurs du recensement les plus étroitement liés au risque de ce cancer étaient les proportions de personnes vivant seules et de personnes séparées/divorcées ou veuves.

Nos résultats suggèrent que la défavorisation sociale du quartier est associée à un risque accru de cancer de la prostate, indépendamment de la défavorisation matérielle du quartier, de l'historique de dépistage et des facteurs individuels d'isolement social.

Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d'intérêts.