Contamination inter-échantillon de THC et ses métabolites : à propos d’un cas réel en pédiatrie néonatale - 11/08/22
Résumé |
Introduction |
En février 2020, un nouveau-né de 9jours est transféré au CHU de Tours. Il est hospitalisé depuis sa naissance pour détresse respiratoire avec troubles de la vigilance et hyperexcitabilité. Devant ce tableau clinique compatible avec une intoxication au cannabis, des analyses toxicologiques sont demandées quelques jours après son transfert. Le patient étant anurique, et vu le délai depuis la naissance, des échantillons sanguins plus précoces ont été récupérés auprès du laboratoire de biochimie. L’analyse réalisée par chromatographie liquide couplée à la spectrométrie de masse en tandem (LC/MSMS) a mis en évidence la présence de THC, 11-OH-THC, THC-COOH, cannabidiol (CBD) et cannabinol (CBN) aux concentrations de respectives de 5,41, 1,89, 2,64, 4,50 et 1,08ng/mL. À l’interrogatoire, la mère de l’enfant assure ne pas consommer de cannabis depuis plusieurs années. Dans ce contexte, il a été proposé de réaliser une recherche dans les urines chez l’enfant dès que possible ainsi qu’une recherche capillaire chez la mère. Les deux analyses n’ont pas pu mettre en évidence de THC ni de métabolites. Devant la discordance inter-échantillon, nous avons étudié le risque de contamination au sein de la plateforme d’analyse du laboratoire de Biochimie. En effet, une contamination pourrait avoir des conséquences très importantes sur le diagnostic clinique et/ou la prise en charge médicolégale des patients. Le but de cette étude est d’évaluer ce risque au sein d’une plateforme automatisée.
Méthode |
Dans un premier temps, nous avons forcé la contamination d’échantillons blancs par deux méthodes. Cinq échantillons blancs ont été contaminés par passage successif sur la chaîne d’analyses automatisées après le passage d’un échantillon dopé à 80ng/mL de THC, 11-OH-THC, THC-COOH, CBD et CBN. Dans un deuxième temps, nous avons également contaminé un échantillon blanc par un passage simultané avec l’échantillon dopé. Chaque échantillon a ensuite été conservé à +4°C jusqu’à analyse le lendemain en LC-MS/MS.
Résultats |
Nous n’avons trouvé de traces de THC ou de ses métabolites dans aucun des échantillons analysés après contamination sur la plateforme automatisée quelle que soit la méthode de contamination. Ces résultats démontrent l’absence de contamination pour ces molécules au sein de l’automate.
Discussion |
Cette étude a démontré l’absence de contamination sur la chaîne d’analyse automatisée pour le THC, 11-OH-THC, THC-COOH, CBD et CBN. Malgré tout, nous rapportons le cas d’un échantillon plasmatique probablement faussement positif pour ces 5 molécules. Il existe d’autres sources de contamination possible en routine dont l’exploration est délicate. Dans notre cas, il s’agit d’un échantillon pédiatrique de faible volume (<300μL) dont l’analyse sur la plateforme a nécessité une étape de transfert du plasma. Cet échantillon a ensuite été rebouché, puis transféré 2jours après pour analyse en LC-MS/MS. Il est possible que l’échantillon ait été contaminé lors d’une de ses étapes (gants, pipette de transfert, godet, bouchon souillés…).
Conclusions |
Malgré l’absence de contamination démontrée au sein de notre chaîne d’analyses automatisées, il subsiste un risque non négligeable à travers les différentes étapes pré-analytiques. Suite à ce cas rencontré, nous avons fait évoluer notre procédure interne et recommandons de collecter au moins deux échantillons (temps de prélèvement différent et/ou provenant de laboratoires différents) pour confirmer ou infirmer la présence de xénobiotiques dans un contexte médical mais et surtout médicolégal.
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Vol 34 - N° 3
P. 203-204 - septembre 2022 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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