Cet article retrace une partie de l’accompagnement d’un jeune garçon âgé de dix ans, accueilli au sein d’un Dispositif ITEP. Cet écrit soulève les interrogations quant au comportement oscillatoire de cet enfant : enfant furieux, enfant paisible, c’est comme s’il n’y avait qu’un pas entre les deux. L’intérêt des auteurs s’est porté sur la particularité fonctionnelle du psychotraumatisme qui, par son poids, vient cliver certaines zones psychiques du reste du monde sensoriel. Ils ont tenté de comprendre le lien, dans sa dimension sensorielle et affective, entre ces zones qui ne participent plus à la vie psychique et le reste du monde sensoriel dans le cadre précis du psychotraumatisme.

Les auteurs mêlent les médiations thérapeutiques et l’approche psychanalytique. La méthode utilisée réunit l’art du théâtre à la capacité métaphorique qu’offrent les cartes Dixit. Ce théâtre particulier nommé « Théâtre Dixien » propose un lieu d’expression scénique où l’apparition de la furie n’est pas stoppée mais encadrée.

Dans cet espace, et à travers l’accompagnement des thérapeutes, il apparaît que la violence de ce jeune garçon se manifeste sur scène mais l’enfant n’est pas en proie au furor et présente une violence supportable pour tous. L’enfant arrive peu à peu à lier ses moments de furie actuels aux événements terribles de son passé.

Le dispositif proposé par les auteurs a fait émerger une relation transférentielle particulière où le clinicien devient le lieu de dépôt d’une réalité psychique qui n’a pas pu être élaborée jusqu’alors. Le thérapeute devient alors le maillon d’une chaîne associative favorisant la restitution d’un contenu psychique appropriable à l’enfant.

Le dispositif d’accompagnement clinique a laissé sa place au corps expressif et à la rêverie de l’adulte. Le théâtre, devenu thérapeutique, a pu aider à relancer un mouvement psychique là où certains contenus n’étaient plus accessibles, meurtris par le trauma. L’enfant peut alors accéder à nouveau à une dynamique temporelle mêlant un « avant », un « pendant » et un « après » trauma.

This article retraces part of the accompaniment of a ten-year-old boy in a special education program. This article raises questions about the child's behavior, which oscillated between fury and tranquillity, as if there was only one step between the two. The authors focus on the functional particularity of psychotrauma which, by its weight, splits certain psychic zones from the rest of the sensory world. They try to understand the link, in its sensory and affective dimension, between areas that no longer participate in the subject's psychic life and the rest of the sensory world, within the precise framework of psychotrauma.

The authors combine art therapy techniques with a psychoanalytical approach, combining the art of theater with the metaphorical capacity offered by Dixit cards. This particular theater, called “Dixian Theatre,” offers a place of scenic expression where the appearance of fury is not stopped, but delimited.

In this space, and through the accompaniment of the therapists, it appears that the violence of this young boy manifests itself on stage; the child is not in the grip of furor, and the violence that he enacts is bearable for all. The child is gradually able to link his present moments of fury to the terrible events of his past.

The device proposed by the authors gives rise to a particular transferential relationship where the clinician becomes the place of deposit of a psychic reality that could not have been elaborated until that moment. The therapist then becomes the link of an associative chain promoting the restitution of psychic content that the child can reappropriate.

The clinical support system encourages bodily expression and the adult's reverie. The theater, which became therapeutic, is able to help relaunch a psychic movement, after certain contents had become inaccessible and bruised by trauma. The child can then regain access to a temporal dynamic mixing a “before,” a “during,” and an “after” trauma.