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L’habitus de Freud et la naissance de la psychanalyse. Une approche sociohistorique - 25/09/22

Freud's Habitus and the birth of psychoanalysis. A socio-historical approach

Doi : 10.1016/j.inan.2022.06.001 
A. Massot
 Archives Henri-Poincaré – Philosophie et Recherches sur les Sciences et les Technologies, UMR 7117, CNRS, université de Lorraine, université de Strasbourg, 7, rue de l’Université – Bureau 104, 67000 Strasbourg, France 

Sous presse. Épreuves corrigées par l'auteur. Disponible en ligne depuis le Sunday 25 September 2022
Cet article a été publié dans un numéro de la revue, cliquez ici pour y accéder

Résumé

Contexte

L’histoire de la « création » de la psychanalyse par Freud a donné lieu à de nombreuses controverses, qui concernent le statut même de la psychanalyse. Elles opposent d’abord l’historiographie « officielle », qui voit dans la psychanalyse l’expression du génie de Freud, à l’historiographie « révisionniste », qui répond qu’il n’a fait qu’emprunter aux sciences de son temps. Elles opposent ensuite les analystes entre eux : certains soulignent la continuité entre les savoirs médicaux auxquels Freud a été formé et la psychanalyse, d’autres soutiennent qu’il a abandonné la médecine en se tournant vers la psychologie.

Objectifs

L’objectif de cet article est de discuter ces deux oppositions ; celle entre Freud comme « génie » et Freud comme « opportuniste » ; celle entre tendance « naturaliste » (qui affilie la psychanalyse aux théories médicales et aux sciences naturelles) et tendance « humaniste » (qui la rapproche de la psychothérapie et des sciences humaines).

Méthode

En mobilisant la notion bourdieusienne d’habitus, nous appréhendons la création de la psychanalyse par Freud à partir de l’état des champs social et scientifique de la seconde moitié du XIXe siècle, et de sa trajectoire dans ces champs.

Résultats

Nous étudions d’abord les origines sociales de Freud, au regard de sa judéité et de l’évolution des conditions d’existence de la communauté juive en Autriche-Hongrie au XIXe siècle. Ces origines permettent de comprendre la propension future de Freud à mobiliser des stratégies de subversion (plutôt que de continuation) dans le champ scientifique. Nous nous penchons ensuite sur sa trajectoire professionnelle, celui-ci ayant dû renoncer à être chercheur pour devenir praticien. Nous étudions cette trajectoire sur le fond historique de l’émergence de la nouvelle psychologie, ainsi que de la hiérarchisation qui s’est établie (dans les pays germaniques de la fin du XIXe siècle) entre recherche en médecine et pratique médicale.

Conclusion

L’approche sociohistorique permet d’apprécier la création de la psychanalyse par Freud au regard de sa trajectoire (incorporée sous forme d’habitus) et de l’état des champs social et scientifique, plutôt qu’en invoquant son « génie ». Elle permet toutefois de reconnaître l’originalité de la psychanalyse, en montrant qu’elle fonde un savoir nouveau en empruntant à des traditions épistémiques hétérogènes. Cette approche met aussi en évidence que le caractère hybride de cette discipline (entre pratique psychothérapique et théorie médicale, entre science humaine et science naturelle) est imputable à ses origines historiques. La psychanalyse freudienne, d’une part, s’est constituée en empruntant (comme la psychologie à laquelle elle se rattache) à la philosophie et à la médecine, et d’autre part, articule un travail de recherche scientifique à une pratique psychothérapique.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Abstract

Context

The history of Freud's “creation” of psychoanalysis has given rise to numerous controversies, which concern the very status of psychoanalysis. These controversies first oppose “official” historiography, which sees in psychoanalysis the expression of Freud's genius, to “revisionist” historiography, which posits that Freud borrowed all of his ideas from the sciences of his time. These controversies then pit analysts against each other: some think there is a straight line between Freud's medical education and the creation of psychoanalysis, others stress that he abandoned his medical knowledge as soon as he adopted psychology.

Objectives

Our aim is to discuss these two oppositions: the one between Freud as “genius” vs. Freud as “opportunist,” and the one between the “naturalist” tendency (which links psychoanalysis to medical theories and natural sciences) and the “humanist” tendency (which links it to psychotherapy and human sciences).

Method

Using Bourdieu's concept of habitus, we study Freud's invention of psychoanalysis according to the state of the social and scientific fields in the second half of the 19th century and his trajectory within these fields.

Results

We first study Freud's social origins, regarding his Jewishness and the evolving conditions of the Jewish community in 19th-century Austria-Hungary. These origins will dictate Freud's propensity towards strategies of subversion (rather than continuation) within the scientific field. We then turn to his professional trajectory, showing how he had to give up the world of research to become a practitioner. We study this trajectory in light of the emergence of the new psychology as well as the hierarchy that was established (in the Germanic countries of the late 19th century) between medical research and medical practice.

Conclusion

With a socio-historical approach, we can understand Freud's creation of psychoanalysis in light of his trajectory (incorporated as a habitus) and the state of the social and scientific fields, rather than by invoking his “genius.” This approach, however, shows that psychoanalysis’ originality was to establish a new kind of knowledge by borrowing from heterogeneous epistemic traditions. It also demonstrates that the hybrid character of this discipline (between psychotherapeutic practice and medical theory, between human science and natural science) relates to its historical origins. Freudian psychoanalysis (like psychology, to which it is related), took shape, on the one hand, through borrowings from philosophy and medicine, and, on the other hand, articulates scientific research and psychotherapeutic practice.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Mots clés : Théorie freudienne, Psychanalyse, Sociologie, Histoire du XIXe siècle

Keywords : Freudian theory, Psychoanalysis, Sociology, History, 19th century


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