Le but de la présente étude est de questionner les conséquences de la crise sanitaire sur le plan psychologique en population pédiatrique, à travers une analyse des variations des données d’activité d’un service de consultations d’urgences pédopsychiatriques.

Le travail réalisé est une étude épidémiologique observationnelle rétrospective et comparative reposant sur une analyse des données d’activité d’une consultation d’urgences pédopsychiatriques du centre hospitalo-universitaire de Lille. Les données recueillies sur la période contemporaine aux mesures de restrictions sociales du 17 mars 2020 au 19 mai 2021 ainsi que celles recueillies après la levée de ces mesures du 19 mai 2021 au 31 mai 2022 ont été comparées à l’activité sur ce même dispositif sur les périodes équivalentes entre le 1^er janvier 2017 et 17 mars 2020. Des comparaisons centrées sur les 3 périodes de confinement ont également été réalisées. Tout patient entre 0 et 18 ans pris en charge sur la consultation d’urgence était inclus dans cette étude.

Une augmentation significative des prescriptions médicamenteuses et consultations pour idées suicidaires était observée pendant mais aussi à distance des mesures de restrictions sociales. Le premier confinement était quant à lui marqué par une baisse importante du nombre de consultations et une augmentation significative de la rédaction d’écrits judiciaires.

Ces résultats étaient donc en faveur d’une augmentation de la suicidalité en population pédiatrique pendant et après levée des mesures de restrictions sociales, mais aussi d’une augmentation des situations relevant de la protection de l’enfance au cours du 1^er confinement. La hausse significative des prescriptions médicamenteuses à l’issue des consultations discordante avec la hausse plus modeste des hospitalisations laissait présager une inadéquation entre besoins et capacités d’accueil en hospitalisation.

Un impact de la crise sanitaire a donc pu être observé sur l’activité d’une consultation d’urgence pédopsychiatrique pendant, mais aussi à distance de la levée des mesures de restrictions sociales. Cela souligne l’importance de ne pas limiter la recherche aux périodes de confinements, ainsi que la question de la réversibilité des variations observées pour la génération considérée.

The aim of this retrospective study was to question the psychological consequences of the health crisis in a pediatric population, through an analysis of the variations in the activity data of a pedopsychiatric emergency consultation service.

The present study is a retrospective and comparative epidemiological study based on an analysis of activity data from a pedopsychiatric emergency consultation at the Lille University Hospital center collected over the period contemporary of the social restriction measures of March 17th, 2020 to May 19th, 2021 as well as those collected after the lifting of these measures from May 19th, 2021 to May 31st, 2022 by comparing them to the activity on this same service over the equivalent periods between January 1st, 2017 and March 17th, 2020. Comparisons centered around the three confinement periods were also carried out. Any patient between 0 and 18 years old taken care of in this emergency consultation was included in this study.

A significant increase in drug prescriptions and consultations for suicidal ideations was observed during, but also at a distance from social restriction measures. The first confinement was marked by a significant drop in the number of consultations and a significant increase in the drafting of child protection documents.

These results were therefore in favor of an increase in suicidality in the pediatric population during and after the lifting of social restriction measures, as well as an increase in situations relating to child protection during the first confinement. The significant increase in discordant discharge drug prescriptions with the more modest increase in hospitalizations foreshadowed a mismatch between needs and hospitalization capacity.

An impact of the health crisis could therefore be observed on the activity of a pedopsychiatric emergency consultation during, but also after the lifting of social restriction measures. This raises the importance of not limiting research to periods of confinement, as well as the question of the reversibility of the variations observed for the generation considered.