Si la prévention primaire devrait être la norme en santé au travail, la prévention est souvent réactive à des accidents. Pour autant, informer davantage les décideurs n’est pas suffisant pour transformer le réel. L’implantation de politiques publiques en santé dépend de multiples ressorts. Les professionnels de la santé au travail peuvent jouer un rôle de lobbying à ce sujet, bien que le manque de consensus puisse grever leur pouvoir de conviction. La perspective pragmatiste nous invite à ne pas nous arrêter aux difficultés à obtenir des preuves irréfutables de l’efficacité des mesures préventives. Le glissement vers une gestion individualisée du risque sanitaire est difficilement compatible avec les rapports de subordination existant en milieu de travail. Le contrôle de la réglementation joue un rôle essentiel, si on veut éviter que les améliorations de la santé au travail ne reposent que sur l’existence souvent temporaire de bonnes volontés.

Priority should be given to primary prevention in occupational health, but prevention is often reactive to accidents. Providing stakeholders with more information is not enough to transform reality. Setting up health policies depends on multiple factors. Occupational health professionals can act as lobbyists, despite their lack of consensus, which could decrease their capacity to convince policymakers. Pragmatism offers us a perspective where one should not imperatively seek irrefutable evidence of the effectiveness of prevention. The switch to individual-based health prevention policies does not align with workplace subordination relationships. Enforcement of regulation is critical, should we want occupational health improvements based on something else but willing individuals.