Utilisation de la double immunothérapie par anti-CTLA-4 et anti-PD-1 chez les patients octogénaires et nonagénaires atteints de mélanome en France : premières données de l’étude rétrospective multicentrique IpiNivOver80 - 01/12/22
Groupe de cancérologie cutanée (GCC) de la SFD
Résumé |
Introduction |
La double immunothérapie par anti-CTLA-4 et anti-PD-1 a démontré une grande efficacité chez les patients atteints de mélanome avancé, mais au prix d’une toxicité plus importante que celle de la monothérapie anti-PD-1. À la différence de la monothérapie, il n’existe que très peu de littérature sur l’utilisation de la double immunothérapie chez les sujets âgés. L’objectif de cette étude était d’apporter de premières données sur les modalités d’utilisation et sur le profil de tolérance de la bi-immunothérapie chez les patients très âgés traités en France.
Matériel et méthodes |
Étude multicentrique rétrospective incluant des patients âgés de 80 ans ou plus lors de la première perfusion de double immunothérapie pour un mélanome avancé. Les données concernent notamment le stade et les caractéristiques tumorales, les caractéristiques démographiques, le schéma d’administration et les effets secondaires. Les données des 13 centres participants ont été recueillies de façon anonyme suite à un appel national aux cas.
Résultats |
Soixante patients traités entre 2013 et 2021 ont été identifiés. Les patients étaient majoritairement des hommes (61 %) avec un âge médian de 82,9 ans [80–93], en bon état général (78,3 % avec OMS=0–1) et autonomes au domicile (92 %). Un tiers des patients avait déjà reçu une ligne de traitement, principalement par anti-PD1. Les patients étaient traités pour des mélanomes, majoritairement SSM (58 %), mais aussi muqueux (20 %) ou de primitif inconnu (13 %), le plus souvent de stade 4 (87 %), avec 38 % de localisations cérébrales. La moitié des patients a reçu 4 perfusions mais 23 % n’ont reçu qu’une seule perfusion du fait d’une toxicité ou bien d’une progression rapide. Dans la majorité des centres, une posologie « low dose » (ipilimumab 1mg/kg+nivolumab 3mg/kg) était employée (55 %). Une toxicité liée au traitement était rapportée chez 63 % des patients, dont 40 % de grade≥3 et 2 décès par myocardite immunomédiée. Le traitement a été interrompu pour toxicité chez un tiers des patients. Le délai médian de survenue d’une toxicité après première perfusion était de 30,5jours [3–109]. La fréquence des effets secondaires tous grades confondus était similaire dans le groupe avec posologie AMM et dans le groupe « low dose » (66,7 et 60,6 %). En revanche, les toxicités de grade≥3 étaient plus fréquentes dans le groupe AMM (40,7 % vs 12 %). L’atteinte endocrinienne était la toxicité la plus fréquente (23 %), suivie des colites (20 %) et des atteintes cutanées (18 %). Chez la moitié des patients le score OMS était stable ou diminué d’un point lors de la première réévaluation.
Discussion |
En France, les patients très âgés atteints de mélanome avancé ont accès à la double immunothérapie mais souvent en dehors des recommandations d’AMM, avec l’emploi d’un schéma posologique « low dose » et fréquemment après une première ligne par anti-PD-1. Le profil de tolérance de la double immunothérapie chez ces patients semble similaire à celui observé dans la littérature chez des patients plus jeunes. Le schéma posologique « low dose » pourrait être une option intéressante en première ligne chez le sujet âgé fragile mais les données d’efficacité concernant cette adaptation de dose sont encore manquantes.
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Vol 2 - N° 8S1
P. A96-A97 - novembre 2022 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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