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Analyse d’un signal d’augmentation du détournement du méthylphénidate en Aquitaine - 11/12/22

Doi : 10.1016/j.therap.2022.10.027 
Sophie Miremont 1, Joëlle Perri-Plandé 1, Elisabeth Frauger 2, Alexandre Peyré 1, Ghada Miremont-Salamé 1, Amélie Daveluy 1,
1 Centre d’addictovigilance de Bordeaux, service de pharmacologie médicale, CHU de Bordeaux, 33000 Bordeaux, France 
2 Centre d’évaluation et d’information sur la pharmacodépendance-addictovigilance (CEIP-A) PACA-Corse, service de pharmacologie clinique et pharmacovigilance, AP–HM-Timone, AMU, INS, Inserm UMR1106, 13005 Marseille, France 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

Le méthylphénidate fait depuis longtemps l’objet d’abus et détournement. À Marseille, une augmentation de son détournement par voie injectable a été observée en 2010 par des sujets de structures spécialisées dans la prise en charge des addictions. Devant des signaux de détournement détectés à Bordeaux depuis 2019, une enquête a été mise en place pour évaluer son étendue.

Matériel et méthode

Analyse rétrospective descriptive des données du Centre d’addictovigilance de Bordeaux impliquant le méthylphénidate (période : 2004–2022) ; Questionnaire adressé en mai-juin 2022 aux pharmaciens pour recueillir leur expérience concernant l’abus et le respect des conditions de prescription et délivrance du méthylphénidate ; Territoire couvert : Ex-région Aquitaine et la Réunion.

Résultats

En Aquitaine, 40 cas ont été signalés, dont 30 (75 %) graves (2 décès) ; 2 pics ont été observés, en 2014 (n=6) et en 2020 (n=9). Le sex-ratio était de 3,3, l’âge médian 33,5 ans. La spécialité était Ritaline® dans 31 cas (77,5 %), la voie d’administration était intraveineuse (IV) dans 22 cas (55 %) ; la cocaïne était associée dans 14 cas (35 %), la morphine (Skénan®) dans 12 cas (30 %). Les conséquences médicales les plus fréquentes étaient locales (infection, éruption, nécrose cutanée, saignements, œdèmes) liés à l’injection (20 cas, 50 %) et neuropsychiatriques (10 cas, 25 %). Vingt-trois ordonnances falsifiées impliquant le méthylphénidate ont été recueillies. Avant 2018, une à deux étaient déclarées par an. On observe un pic en 2021 avec 10 ordonnances qui proviennent de Bordeaux, rédigées par un même médecin, impliquant Ritaline®.

Dans l’enquête OPPIDUM, le méthylphénidate a été cité 38 fois entre 2016 et 2021. Depuis 2018, la proportion de cas est stable au niveau national (0,7 %) mais en augmentation en Aquitaine (10 cas (2,2 %) en 2018, 13 (2,8 %) en 2021, dont 12 provenant de Bordeaux). Le sex-ratio est de 2,3, l’âge médian 36 ans. Tous impliquent Ritaline®, prise en IV dans 10 cas (76,9 %), obtenue par deal dans six cas et ordonnance dans cinq cas.

Soixante-seize questionnaires ont été complétés, dont 38 (50 %) en Gironde. Cinq pharmacies, toutes en Gironde (13,2 %), ont déclaré avoir déjà eu des demandes abusives de méthylphénidate. Aucun signal d’addictovigilance concernant le méthylphénidate n’est détecté dans l’analyse rétrospective à la Réunion. Parmi les 15 questionnaires complétés, aucune pharmacie n’a signalé de demande abusive de méthylphénidate.

Conclusion

Ces données confirment une augmentation du détournement et d’abus de méthylphénidate en Aquitaine, plus particulièrement à Bordeaux.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Mots clés : Addictovigilance, Méthylphénidate, Abus, Trouble de l’usage de substance


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Vol 77 - N° 6

P. 767 - novembre 2022 Retour au numéro
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  • Emilie Jouanjus, Maxime Mathevet, Maryse Lapeyre-Mestre, Réseau français d’addictovigilance (RFA)

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