Implication de la méthadone dans les décès par opioïdes et conditions de prescription et de délivrance : état des lieux en Europe et aux États-Unis - 11/12/22
Résumé |
Introduction |
La méthadone, agoniste opioïde, est le médicament de substitution de la dépendance aux opiacés le plus utilisé dans l’Union européenne (UE) (63 % des patients en traitement de substitution) et aux États-Unis (30 %) [1 ]. Son introduction a contribué à la réduction des décès par surdoses chez les usagers de drogues et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a inscrit la méthadone buvable dans sa liste des médicaments essentiels. Toutefois dans l’UE, en 2019, elle était au 2e rang des substances impliquées dans les décès opioïdes (DO) (n=696, soit 24 % des décès opioïdes) juste après l’héroïne (n=2740 soit 45 % des DO) [2 ], alors qu’aux États-Unis la méthadone représentait 5 % des DO en 2020 [3 ] (les opioïdes synthétiques, principalement le fentanyl, étant responsables de 82 % des DO). L’objectif de cette étude est de présenter la part des décès attribuables à la méthadone au regard de ses conditions de prescription et de dispensation au sein de l’UE et aux États-Unis.
Matériel et méthode |
Les données de l’European Monitoring Center for Drugs and Drug Addiction, de la Substance Abuse and Mental Health Services Administration et de Pubmed ont été consultées en juillet 2022 [7 , 1 , 2 , 3 , 4 , 5 , 6 ].
Résultats |
Aux États-Unis. La prescription et la dispensation de méthadone sont limitées à des cliniques spécialisées accréditées. L’administration est initialement supervisée par un professionnel de santé. Chez les patients répondant à des critères stricts de stabilité clinique, à des critères toxicologiques (dosages urinaires) et psychosociaux et ayant la possibilité de conserver de façon sécurisée la méthadone, une dispensation, sans supervision, peut alors s’envisager pour une durée maximale de 14 voire 28jours.
Dans l’UE 78 % des États (n=21) limitent la prescription initiale aux médecins exerçant dans des centres spécialisés et/ou à des médecins formés et accrédités. La majorité d’entre eux (72 %, n=15) ont des DO inférieurs à 15 %, c’est-à-dire les taux de mortalité les plus faibles d’Europe par rapport aux autres opioïdes. 22 % des États (n=6) autorisent la prescription initiale à tous médecins. Lorsque cette prescription est assortie d’une administration supervisée (n=3) ou d’une dispensation limitée à 7jours, et ce uniquement en cas de stabilité (n=1), le DO est<15 %. Dans les deux autres États qui n’ont pas mis en place de telles mesures, ces taux sont de 52 % et 66 %. Indépendamment du cadre de prescription, l’administration est supervisée dans 25 % (n=7) des pays avec les DO qui sont les plus faibles d’Europe, toujours<15 %.
Conclusion |
En Europe et aux États-Unis, la prescription initiale par des médecins exerçant dans une structure spécialisée est la modalité la plus fréquente d’encadrement de l’accès au traitement substitutif par la méthadone. L’administration supervisée en début de traitement recommandée par l’OMS [7 ] n’est appliquée en revanche que dans quelques pays européens. L’OMS recommande également que des doses à emporter soient dispensées uniquement aux patients considérés comme stables et ayant un risque de détournement faible. Dans les pays où de telles mesures d’accès à la méthadone sont mises en place, les DO observés sont les plus faibles.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Méthadone, Opioïdes, Prescription, Délivrance, Europe, États-Unis
Plan
Vol 77 - N° 6
P. 782-783 - novembre 2022 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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