La consommation abusive de protoxyde d’azote (N₂O) à des fins récréatives connait une hausse sensible ces dernières années en France avec des déclarations en hausse au réseau d’addictovigilance. Un effet notable du N₂O est l’oxydation de l’ion cobalt de la vitamine B12 (VB12) bloquant le process intracellulaire des cobalamines. En cas d’exposition importante, un tableau clinique comparable à une carence en VB12 peut être observé et entraîner des atteintes neurologiques sévères. Peu d’études se sont intéressées à l’exploration des marqueurs de première et deuxième intention du métabolisme des cobalamines (VB12, homocystéine (HCY) et acide méthylmalonique (AMM)) dans les intoxications symptomatiques au N₂O.

Il s’agit d’une étude rétrospective portant sur les cas de consommation de N₂O ayant entraîné une hospitalisation entre 2019 et janvier 2022. Les marqueurs biologiques VB12 (electrochiminluminescence, C8000, Roche), HCY (LC/MS/MS, waters) et AMM (GC-MS) ont été dosés à l’entrée.

18 cas de complications neurologiques secondaires à la consommation de N₂O ont été identifiés (2019 : n=0, 2020 : n=3, 2021 : n=15, 2022 : n=1). Les sujets sont majoritairement des hommes (83,3 %), avec un âge moyen de 24,4 ans (écart : 18–39). Une sclérose combinée de la moelle a été observée dans 14/18 cas (77,8 %), une pseudo-polyradiculonévrite aiguë dans 4/18 cas (22,2 %). L’atteinte sensitivomotrice touchait les membres inférieurs (44,4 %) ou inférieurs et supérieurs (55,6 %). Le mode de consommation de N₂O était chronique pour 71,4 % de cas et aigu pour 28,6 % des cas, avec un facteur aggravant retrouvé pour 2 patientes (perte de poids excessive et sleeve). Le taux Moyen de VB12 était de 277,4±423,2pmol/L, uniquement 12/18 dosages étaient abaissés (<145pmol/L). Les dosages d’HCY et d’AMM étaient en moyenne à 95,7±33,4μmol/L et 7,7±8,6μmol/L, et au-dessus des valeurs usuelles (HCY : 15μmol/L, AMM : 0,5mmol/L) dans tous les cas.

Le mésusage de N₂O devient un sujet de santé publique de plus en plus préoccupant, comme en témoigne le nombre important d’hospitalisations causées par surconsommation mis en évidence dans notre étude. Le taux de VB12 apparaît comme un marqueur non discriminant dans ce contexte, justifiant l’utilisation de marqueurs secondaires : AMM et ou HCY pour explorer le métabolisme des cobalamines.