Prise en charge chirurgicale des cancers de l’ovaire de stade avancé après chimiothérapie néoadjuvante étude retrospective comparant la prise en charge chirurgicale après 3 cycles ou plus - 11/01/23
Résumé |
Introduction |
Le cancer de l’ovaire est le cancer gynécologique le plus létal dans les pays développés. Le pronostic de ce cancer reste sombre, avec une survie globale à 5 ans de 45 %, tous stades confondus. Dans 75 % des cas, le diagnostic est réalisé à un stade tardif (Stade III-IV de la classification FIGO), faute symptômes spécifiques au début de la maladie et de l’absence de moyen de dépistage efficace. Le traitement standard du cancer de l’ovaire est la chirurgie de cytoréduction suivie d’une chimiothérapie adjuvante à base de sels de platine. Le but de la chirurgie de cytoréduction est une résection macroscopique complète de la maladie pour un résidu tumoral nul, facteur pronostic le plus important en termes d’impact sur la survie. Une alternative à la chirurgie première est cependant possible, pour les patientes présentant une maladie non extirpable d’emblée ou un état général ne permettant pas une prise en charge chirurgicale. Celle-ci consiste en une chirurgie qualifiée d’intervalle, c’est à dire après réalisation de chimiothérapie néoadjuvante. Cette prise en charge a fait l’objet de nombreuses études, et a démontré une diminution de la morbidité opératoire en cas de chirurgie d’intervalle par rapport à la chirurgie première. Classiquement, 3 cures de chimiothérapie sont administrées. Cependant, le nombre de cures et le moment optimal pour la réalisation de la chirurgie d’intervalle font débat, et il n’existe à ce jour pas de consensus.
Matériel et méthodes |
Nous avons mené une étude rétrospective, unicentrique, évaluant la prise en charge de patientes présentant un cancer de l’ovaire de stade avancé (FIGO IIIC-IV), prise en charge par chirurgie d’intervalle après chimiothérapie néoadjuvante. Nous comparons deux groupes, l’un dans lequel les patientes ont bénéficié de 3 cures ou moins de chimiothérapie, et l’autre groupe plus de 3 cures. L’objectif principal évalue la survie globale et sans récidive. Les objectifs secondaires portent sur le taux de résection complète, et la morbidité opératoire.
Résultats |
Au total, 140 patientes ont bénéficié d’une chirurgie de cytoréduction d’intervalle après chimiothérapie néoadjuvante. Parmi ces patientes, 45 ont bénéficié de≤3 cycles de chimiothérapie (groupe 1) et 95 patientes de>3 cycles (groupe 2). Il n’y avait pas de différence significative en termes de survie entre les deux groupes. La moyenne de survie globale était de 58,4 mois pour le groupe 1 et 58,3 mois pour le groupe 2 (p=0,56). La moyenne de survie sans récidive était de 30,5 mois pour le groupe 1 et 23,8 mois pour le groupe 2. Il n’y avait pas de différence statistiquement significative entre les deux groupes (p=0,56). La morbidité opératoire était moindre dans le groupe 2. Plus de pelvectomies postérieures étaient réalisées dans le groupe 1 (33,3 %) que dans le groupe 2 (14,7 %) avec une différence statistiquement significative (p=0,01). Il n’y avait pas de différence sur l’obtention d’une résection complète pendant la chirurgie d’intervalle entre les deux groupes (p=0,09).
Conclusion |
La chirurgie de cytoréduction est une chirurgie lourde et invasive, et n’est pas toujours réalisable en première intention du fait de l’état général des patientes ou de l’étendue de la maladie. La chimiothérapie néoadjuvante est une alternative communément acceptée pour la prise en charge de ces patientes, avant la réalisation d’une chirurgie de cytoréduction dite intervallaire. Le nombre de cycles de chimiothérapie à administrer fait débat, et semble ne pas avoir d’impact significatif en termes de survie globale et de survie sans progression. Cependant, la morbidité opératoire est significativement diminuée par l’administration supplémentaire de cycles de chimiothérapie. L’étude CHRONO, essai de phase III en cours, comparant la chirurgie d’intervalle après 3 ou 6 cures devrait permettre de répondre à cette question.
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Vol 51 - N° 1
P. 93-94 - janvier 2023 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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