L’émergence de nouvelles formes d’expression psychopathologiques s’associe à des signifiants et des pratiques psychothérapiques originaux. Nous proposons de réfléchir dans ce travail aux sources de ces évolutions sociales et culturelles en faisant l’hypothèse qu’il existe un facteur sous-jacent qui aide à les rendre intelligibles. Nous supposons ainsi que ces évolutions sont la conséquence de la disparition progressive d’une pensée de la complexité dialectique – le « noyau rationnel de la dialectique » – du fait d’un empirisme hyper-réductionniste largement influencé par la pensée anglo-saxonne moderne.

Après avoir décrit les particularités de ces courants de pensée et leur influence réciproque, aussi bien en psychologie qu’en économie, nous abordons les conséquences de cette hypothèse en soutenant l’idée que, contrairement à l’idéologie et aux discours qui sous-tendent ces évolutions, celles-ci ne sont guère un progrès dans le champ du soin psychique mais qu’elles témoignent en réalité d’une certaine régression intellectuelle et scientifique. Quelques détours du côté du néolibéralisme, de la pulsion de mort et du désir chez l’être humain mettront en perspectives ces réflexions.

Nous proposons en conclusion quelques repères relatifs à cet effondrement du modèle dialectique sous l’effet de l’empirisme réductionniste en soulignant le rôle de la psychologie et celui qu’elle pourrait prendre afin de favoriser la qualité des soins prodigués aux patients selon une perspective sociale et anthropologique plus globale.

The emergence of new forms of expression in the field of psychopathology is associated with new signifiers and psychotherapeutic practices. In this work, we propose a few thinking about the origins of these social and cultural evolutions by hypothesizing the existence of an underlying factor that helps to make them more intelligible. We thus suppose that these evolutions would be the consequence of the progressive disappearance of a thinking of dialectical complexity – the “core of dialectics” – in favor of a hyper-reductionist empiricism largely influenced by modern Anglo-Saxon thought.

After describing the particularities of these currents of thought and their reciprocal influence, both in psychology and in economics, we explore the consequences of this hypothesis by supporting the idea that, contrary to the ideology and discourses underlying these developments, they are hardly a progress in the field of psychic care but that they actually demonstrate an intellectual and scientific regression. A few detours about (neo)liberalism, death drive and desire in human beings will put these contemporary evolutions into perspective.

In conclusion, we propose a few points of reference concerning the collapse of the dialectical model in favor of hyper-reductionist empiricism, emphasizing the role that psychology plays in these developments and the role it could play in promoting the quality of care provided to patients from a more global and anthropological perspective.