ECT: An essential therapy in psychiatry - 17/01/23
ECT : une thérapeutique essentielle en psychiatrie
Abstract |
At a time when innovations in psychiatry are booming, particularly in the field of medical devices, we thought it necessary, as members of French Society for Biological Psychiatry and Neuropsychopharmacology (AFPBN), to reconsider one of the oldest medical devices in psychiatry: the ECT apparatus. First, we recall the regulatory aspects of ECT. National guidelines define means of implementation and conditions of administration of ECT. Second, we remind of the indications and levels of evidence of ECT in the main psychiatric disorders, including catatonia. Then, we synthetize the place of ECT alongside other brain stimulation therapies, especially repetitive Trancranial Magnetic Stimulation (rTMS). Furthermore, we explain the general effects of ECT: increased neuronal plasticity and neurogenesis, enhancement of the stress axis, resistance to oxidative stress, improved vascular endothelial function, activation of microglia and astrocytes, decrease in inflammatory events by upregulation of neuroinflammatory cytokines, and production of mitochondrial ATP. These effects appear from the first sessions and continue during the course of ECT treatment, suggesting activation of endogenous neuroprotection. Finally, we remember that most patients perform as well or better on neuropsychological assessments after ECT, relative to pre-ECT results, and this improvement continues over the following months. Memory disorders reported post-ECT are not all attributable to ECT. They may be subjective in nature or linked to residual depressive (and possibly comorbid neurogenerative) symptoms later attributed to ECT, on the basis of preexisting negative representations. We urgently need to reemphasize the crucial role of ECT in psychiatric treatment strategies as well as the need to update ECT recommendations.
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À l’heure où les innovations thérapeutiques en psychiatrie sont en plein essor, notamment dans le champ du dispositif médical, il nous a paru essentiel, en tant que société savante (Association Française de Psychiatrie Biologique et Neuropsychopharmacologie), de faire un point sur l’une des thérapies les plus anciennes en psychiatrie utilisant un dispositif médical : l’électroconvulsivothérapie (ECT). En France, la pratique de l’ECT est strictement encadrée et réglementée par des recommandations nationales, qui en définissent les modalités de mise en œuvre et les conditions de réalisation. Dans tous les cas, le recueil du consentement du patient est indispensable. Dans les situations où le patient n’est pas en mesure de consentir, il est obligatoire de s’appuyer sur la personne de confiance désignée par le patient, et, pour les patients majeurs protégés, de leur représentant légal. Un bilan pré-thérapeutique, clinique et paraclinique, est réalisé avant la mise en œuvre du traitement par ECT, pour éliminer les contre-indications éventuelles, à l’ECT ou à une anesthésie. Nous rappelons les principales indications psychiatriques, de l’ECT, avec ses niveaux de preuve, selon les recommandations internationales. La question du positionnement de l’ECT par rapport aux autres techniques de neuromodulation, notamment la rTMS est fréquemment évoquée. Ces deux techniques ont toute leur place car leurs indications ne se superposent que très partiellement. La rTMS a une efficacité bien démontrée et est indiquée dans les dépressions à niveau bas de résistance, après échec à un antidépresseur et lorsque le risque vital n’est pas engagé. Les taux de réponse à la rTMS dans la dépression sont inférieurs à ceux de l’ECT : ils varient entre 40 et 50 % et les taux de rémission entre 25 et 30 %. Les effets généraux de l’ECT sont : augmentation de la plasticité neuronale et de la neurogenèse, amélioration de l’axe du stress, de la résistance au stress oxydatif, et de la fonction endothéliale vasculaire, activation de la microglie et des astrocytes, diminution des phénomènes inflammatoires, par la régulation à la hausse des cytokines neuro-inflammatoires, production d’ATP mitochondrial. Au plan neuronal, les ECT entraînent un remodelage synaptique en lien avec la libération de neurotransmetteurs (GABA, monoamines), mais aussi de facteurs neurotrophiques indispensables à la plasticité cérébrale. En termes neuromorphologiques et de connectivité fonctionnelle, les ECT régénèrent et améliorent les régions suivantes : gyrus dentelé de l’hippocampe, gyri frontal supérieur et moyen, cortex cingulaire antérieur sous-genual. Ces effets apparaissent dès les premières séances et se poursuivent au cours du traitement ECT, suggérant qu’une neuroprotection endogène puisse être mobilisée. L’ECT améliore les fonctions exécutives corrélativement à l’amélioration de la dépression. La majorité des patients ont des bilans neuropsychologiques stables ou améliorés en post-ECT comparativement aux performances avant l’ECT, et l’amélioration se poursuit dans les mois qui suivent l’ECT. En outre, l’incidence des maladies neurodégénératives type maladie d’Alzheimer diminue significativement chez les sujets atteints de troubles de l’humeur, bénéficiant d’ECT versus ceux qui n’en bénéficient pas. Le principal effet indésirable mnésique de l’ECT concerne la mémoire antérograde (apprentissages à mesure récents). Ce phénomène, fréquent pendant la cure initiale (2 séances/semaines), est rapidement résolutif, le plus souvent dans les 15 jours suivant la dernière séance, et au maximum à 2 mois. Les troubles de la mémoire rétrograde (évènements anciens) peuvent dans certains cas durer jusqu’à 6 mois voire au-delà, avec un retentissement fonctionnel moindre que ne l’aurait une atteinte des fonctions exécutives ou de la mémoire antérograde. Les troubles mnésiques rapportés en post-ECT ne sont pas tous imputables à l’ECT mais peuvent être de nature subjective, et/ou liés à la symptomatologie dépressive résiduelle (et éventuellement neurodégénérative comorbide), puis attribués à l’ECT à posteriori, en fonction de représentations négatives préexistantes. A ce titre la qualité de l’information prodiguée au patient avant l’ECT est primordiale. Les effets mnésiques de l’ECT sont à mettre en perspective avec les effets thérapeutiques de l’ECT, traitement le plus efficace des états dépressifs sévères avec : jusqu’à 80 % de réponses et 60 % de rémissions ; une amélioration de la qualité de vie ; une diminution de la mortalité et des réhospitalisations. En conclusion, l’ECT possède des effets à la fois structuraux et fonctionnels, sur le système nerveux central mais aussi systémiques, de nature neuro-protectrice, neurotrophique et améliore la plasticité cérébrale, permettant de contrecarrer et réparer au niveau biologique les mécanismes physiopathologiques à l’origine de nombreux troubles neuropsychiatriques (neuroprogression pathologique). Il est urgent de réaffirmer l’importance cruciale de ce dispositif médical dans les stratégies thérapeutiques en psychiatrie et sa place de l’ECT dans l’organisation des soins. L’actualisation des recommandations sur l’ECT est désormais plus que nécessaire.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Keywords : ECT, Electroconvulsive therapy, Medical device, Guidelines, Psychiatry
Mots clés : ECT, Électroconvulsivothérapie, Dispositif médical, Recommandations, Psychiatrie
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Vol 49 - N° 1
P. 103-106 - février 2023 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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