Le dépistage opportuniste des anévrismes de l’aorte abdominale sous-rénale (AAA) est indiqué en cas d’atteinte coronarienne ou vasculaire périphérique. En cas de pathologie neurovasculaire, il n’existe pas de recommandation claire. L’objectif principal de cette étude est de décrire la prévalence des AAA chez les sujets ayant fait un évènement ischémique à type d’accident vasculaire cérébral ischémique (AVC-I) ou accident ischémique transitoire (AIT). L’objectif secondaire consiste en la recherche de facteurs de risque associés.

Entre juillet 2021 et juillet 2022, tous les patients atteints d’un AVC-I/AIT de l’Hôpital universitaire de Limoges ont été inclus dans l’étude. L’examen de l’aorte abdominale était réalisé dans le même temps que l’exploration des troncs supra-aortiques. L’AAA est défini comme un diamètre>30mm et une augmentation de 50 % par rapport au diamètre sus-jacent.

Sur la période 618 sujets consécutifs ont été inclus (hommes 369, femmes 249). Quatre-vingts pour cent des patients avaient plus de 60 ans avec une médiane à 73 ans. Les données étaient similaires à santé publique France concernant l’âge des AVC/AIT. Les évènements neurologiques se répartissaient en 485 AVC-I (78,6 %) et 133 AIT (21,4 %). La prévalence de l’AAA était de 3,07 % (5,7 % chez les hommes>60 ans et 7,6 % chez les hommes avec une exposition tabagique). Quatre sujets présentaient des lésions dont le diamètre était>40mm et <50mm et un sujet avec un diamètre>50mm. Lors de l’analyse multivariée, les facteurs associés à la présence d’un AAA étaient le sexe masculin (OR : 7,61 IC95 % : 1,42-139), les antécédents tabagiques (OR : 5,40 IC95 % : 1,70-24) et la présence d’un syndrome d’apnée du sommeil (OR : 4,13 IC95 % : 1,02-14). Les antécédents de cardiopathie ischémique étaient associés uniquement lors de l’analyse multivariée dans la sous-population masculine. La présence de lésions carotidiennes n’apparaissait pas comme un marqueur significatif.

La prévalence chez les hommes ayant présenté un AVC/AIT est proche de celle décrite chez les sujets coronariens. Aux décours d’AVC-I/AIT 2 études d’Europe du nord, avec des effectifs plus réduits, décrivaient des prévalences de 5,6 et 11 %. L’association avec le tabagisme est classique, celle avec le SAS n’avait pas été décrite.

Au regard de cette étude en cas d’AVC-I/AIT un dépistage ciblé de l’AAA au sein la population masculine et tabagique pourrait être justifié. L’association avec le SAS dans cette population semble originale.