L’infection du pied diabétique (IPD) est un événement à la fois fréquent et potentiellement grave qui menace les patients au stade des complications neuropathiques et/ou macrovasculaires. Beaucoup a été fait dans le domaine de l’IPD et parmi ces avancées, la constitution d’équipes multidisciplinaires est probablement le moyen le plus efficace d’améliorer les résultats de la prise en charge des patients concernés. L’utilisation rationnelle des antibiotiques et les compétences chirurgicales sont essentielles dans les situations complexes. Chaque cas d’infection diabétique mérite d’être discuté à la lumière des recommandations actuelles et des ressources locales. Plus la sévérité de la situation est élevée, plus la nécessité du recours à la chirurgie augmente. Les indications d’amputations en urgence doivent cependant rester exceptionnelles et se limiter aux situations associées à un risque vital immédiat lié à un choc septique. Il est nécessaire de rappeler qu’une ostéite même avancée sur le plan de l’imagerie n’est pas en soi une indication à l’amputation dont les conséquences sur l’avenir général du patient sont généralement méconnues de la plupart des praticiens qui prennent cette décision spectaculaire. Les gestes de drainage chirurgical avec parage dans les situations où ils sont indiqués (abcès ou le plus souvent phlegmons, nécrose tissulaire) sont absolument nécessaires et doivent être réalisés une fois l’indication posée, sans délai car l’évolution de ces situations est en effet difficilement prévisible. Outre l’unique possibilité de réaliser des prélèvements tissulaires fiables à visée microbiologique, le geste chirurgical permet une action rapide et efficace contre l’inoculum bactérien et la nécrose tissulaire profonde qui sont autant d’obstacles insurmontables à l’action des antibiotiques. Ces derniers doivent être utilisés de façon rationnelle pour limiter le risque d’émergence de résistance bactérienne et d’effets secondaires propres à chaque antibiotique particulièrement élevé dans cette population de patients. L’exemple le plus irrationnel d’utilisation des antibiotiques dans ces situations reste cependant le non-recours à la chirurgie lorsqu’elle est indiquée. Même s’il existe des recommandations nationales sur le sujet de l’utilisation des antibiotiques pour les infections du pied diabétique, y compris pour les plus complexes, chaque situation est unique et le recours à un avis spécialisé en infectiologie est hautement recommandé.