Les cancers solides ou hématologiques sont une épreuve singulière dans la vie d'un enfant de par leur pronostic, les traitements lourds nécessaires à la guérison espérée et les séquelles. La particularité chez les jeunes sujets est la perspective diachronique à prendre en compte dans l'évaluation et la prise en charge. Celle-ci dépend de l'âge du patient, de la pathologie, des traitements et du contexte psychosocial dans lequel l'enfant ou l'adolescent grandit et va encore évoluer. L'impact psychologique est variable et peut être très important. Dans certains cas, même en cas de survie, le cancer peut rendre vulnérable sur le plan psychosocial à très long terme. De plus, le cancer et les traitements modifient le rapport au corps et la sensorialité car celui-ci est transformé et sa perception perturbée. Une autre particularité de cette clinique est le caractère répété des difficultés auxquelles il faut faire face (annonce, effets indésirables, hospitalisations répétées, gestes invasifs répétés, récidive, passages en réanimation). Cela peut rendre un sujet sans difficulté auparavant particulièrement fragile. Le rythme est bien plus soutenu que dans les maladies chroniques. On peut parler de stress dysallostatique. Certains peuvent développer de véritables troubles post-traumatiques ou autres troubles anxieux, un des symptômes les plus fréquents étant les troubles du sommeil. À tout cela s'ajoute un remaniement des relations intrafamiliales avec une organisation de la famille et un ordre des priorités perturbées pendant des mois, voire des années durant le traitement et même au-delà.