Industrie en plein essor, le secteur de la logistique est soumis à une forte sinistralité en termes d’accidents du travail et de maladies professionnelles. Notre objectif était de décrire les conditions de travail et l’état de santé des travailleurs du secteur de la logistique en les comparant avec les salariés des autres secteurs professionnels.

Une étude épidémiologique descriptive a été réalisée à partir des données des enquêtes Sumer 2010 et 2017 et de l’observatoire Evrest (2008–2012 et 2013–2017).

Les métiers de la logistique comportent une charge physique omniprésente incluant plus de manutention manuelle de charge et de contraintes articulaires que dans les autres secteurs professionnels. Additionnés à un travail en ambiance froide et soumis aux vibrations des engins de manutention, une prévalence importante d’atteintes du rachis et des membres supérieurs est mise en évidence chez les salariés de la logistique. Le bruit des entrepôts et l’utilisation de la commande vocale sont source de fatigue auditive. D’autre part, ils présentent une faible latitude décisionnelle découlant d’une organisation de travail rigide avec une préparation des commandes à flux tendu et des délais stricts à respecter pour répondre aux exigences croissantes des clients. Pourtant, en partie grâce à un fort soutien social, leur santé mentale reste préservée. Il n’est pas retrouvé plus d’arrêts ou d’accidents du travail que dans les autres secteurs mais notre méthode ne permettait pas d’inclure les travailleurs intérimaires qui représentent jusqu’à 30 % des effectifs en logistique.

Afin d’approfondir nos connaissances sur le secteur de la logistique, il conviendrait de développer un suivi longitudinal des salariés, ciblé par métier et intégrant les salariés intérimaires, pour préciser les risques psychosociaux et leur conséquence sur la survenue de troubles musculosquelettiques et sur la sinistralité du secteur.

The logistic sector is a fast-growing industry with a high incidence of work accidents and occupational diseases. Our objective was to describe the working conditions and health status of workers in the logistic sector by comparing them with employees in other professional sectors.

A descriptive epidemiological study was conducted using data from the Sumer 2010 and 2017 surveys and the Evrest observatory (2008–2012 and 201–2017).

Logistic jobs involve an omnipresent physical load, including more manual handling of loads and musculoskeletal constraints than in other occupational sectors. In addition to working in a cold environment and being exposed to the vibrations of handling equipment, a high prevalence of spinal and upper limb injuries has been demonstrated among logistic employees. Noisy warehouses and the use of voice commands are a source of hearing fatigue. On the other hand, they have little decision latitude due to a rigid work organization with just-in-time order preparation and strict deadlines to meet increasing customer demands. However, in part because of a high level of social support, their mental health remains preserved. No more sick leave or work accidents were found than in other sectors. Yet our method did not allow us to include temporary workers, who represent up to 30% of the logistic workforce.

In order to improve the knowledge of the logistic sector, it would be worthwhile to implement a longitudinal follow-up of employees, focusing on specific jobs and including temporary employees, in order to identify psychosocial factors and their consequences on the occurrence of musculoskeletal disorders and on work accident incidence in the sector.