L’ischémie digitale (ID) est une pathologie fréquente pouvant se compliquer de perte de substance et de fonction de la main malgré un traitement médical optimal. La sympathectomie thoracique est un traitement de 3^e ligne dont l’efficacité à court et moyen termes est peu documentée.

Nous avons réalisé une étude observationnelle rétrospective bicentrique afin d’évaluer l’intérêt de la sympathectomie thoracique dans la prise en charge des ID au sein deux centres hospitaliers de Normandie à 6 mois.

Entre 2005 et 2021, 16 sympathectomies pour ID au CHU de Rouen et au CHI d’Elbeuf-Louviers ont été incluses. Les ID étaient secondaires à une thromboangéite oblitérante (25 %), une sclérodermie systémique (18,75 %) et un syndrome du marteau hypothénar dans 18,75 % des cas. Les autres étiologies étaient athéromateuses (12,5 %), néoplasiques, cryoglobulinémie, traumatiques ou inconnues dans 6,25 % des cas chacune. Cinq patients (31 %) avaient une ID sans trouble trophique, et 50 % avaient une nécrose digitale. L’indication de la sympathectomie était portée devant un échec de l’Iloprost chez 12 patients (75 %) ou d’emblée du fait de la gravité de l’atteinte dans 25 % des cas. La sympathectomie a permis une amélioration des douleurs ou levée complète des signes d’ID dans 93,75 % des cas en postopératoire immédiat. Cet effet persistait chez 11 patients (78,57 %) à 1 mois et 69,2 % à 6 mois. Il était maintenu à long terme, puisqu’un seul patient a récidivé par la suite avec un délai de suivi moyen de 88,7 mois (±50). Une cicatrisation complète des ulcères digitaux était obtenue dans 45 % des cas sans récidive à moyen terme. En contrepartie, moins de 20 % des patients ont décrit des effets indésirables sans aucune complication majeure.

Dans cette cohorte, nous constatons un effet intéressant de la sympathectomie thoracique chez des patients réfractaires au traitement médical ou d’emblée sévère. Le taux de récidive à distance était faible, ce qui suggère que la sympathectomie permet le passage de la phase aiguë et que le traitement médical associé en fonction de la cause de l’ischémie permet de limiter le risque de récidive même dans les pathologies à risque telles que la sclérodermie systémique.

La sympathectomie améliore le pronostic des ID à court et moyen termes sans engendrer d’effets indésirables majeurs. Elle pourrait donc être proposée en dernier recours dans la prise en charge des ID. Des études plus larges sont nécessaires pour confirmer cette hypothèse et évaluer l’effet à long terme.