Un suivi gynécologique inadéquat a été décrit dans la littérature chez les adolescentes et les jeunes adultes (AJA, 15-25 ans) après un cancer. Toutefois, les résultats sont contradictoires et les données françaises sont rares. L'objectif était d'évaluer à l’échelle nationale si le suivi gynécologique des AJA prises en charge pour un cancer est conforme aux recommandations par rapport à des AJA indemnes de cancer.

Une étude de cohorte rétrospective de type exposé-non exposé a été réalisée à partir du Système national des données de santé (SNDS). Le groupe exposé était constitué de toutes les AJA ayant reçu un traitement actif pour un cancer incident entre 2012 et 2014. Pour chaque AJA exposée, une AJA sans cancer ni maladie chronique a été appariée sur l'âge, le département de résidence et le statut CMUc-ACS à la date index (deux ans après le début du traitement actif pour cancer). La conformité aux recommandations du suivi gynécologique sur les cinq ans suivant la date index a été caractérisée et comparée entre les deux groupes, à l'aide d'un critère composite comportant les consultations de suivi gynécologique, les dépistages des infections sexuellement transmissibles et du cancer du col de l'utérus. Les critères secondaires portaient sur les composantes du critère composite et la vaccination contre le papillomavirus humain (HPV).

Au total, 3663 AJA ayant débuté un traitement actif contre le cancer entre 2012 et 2014 ont été incluses et appariées à 3663 AJA indemnes de cancer. Les AJA exposées étaient significativement plus susceptibles d'avoir bénéficié d'un suivi gynécologique conforme aux recommandations, avec 23,2 % de conformité, contre 16,5 % chez les non exposées (OR=1,53, IC 95 % 1,36-1,70; p<0,001). Cette association significative a également été observée pour chaque composante du critère composite. Concernant la vaccination HPV, les AJA exposées présentaient une meilleure couverture avec une vaccination de rattrapage initiée dans 28 % des cas, contre 18,5 % dans le groupe non exposé.

Cette étude met en évidence que les AJA ayant eu un traitement contre le cancer ont un suivi gynécologique davantage conforme aux recommandations par rapport à des AJA indemnes de cancer. Malgré cela, les taux d'adhésion restent modestes, soulignant la nécessité d'améliorer ce suivi pour toutes les jeunes femmes.