La violence physique conjugale est un problème de santé préoccupant surtout quand elle survient en période de grossesse du fait des impacts négatifs sur la mère et le fœtus. Elle reste encore sous documentée dans nos contrées Ouest africaines. Ainsi, nous faisons le point de son épidémiologie en étudiant la prévalence et les facteurs liés à la survenue de la violence physique conjugale pendant la grossesse au Bénin.

Une analyse secondaire descriptive et analytique (régression logistique binaire multiniveau) des données de l'enquête démographique et de santé au Bénin en 2018 (qui est une enquête transversale) portant sur 4549 femmes ayant été enceintes, a été réalisée pour cette étude.

Les femmes étaient en majorité âgées de 25-44 ans (43,84 %), non instruites (62.41 %) ; en état d'union (90 %), dans un foyer polygamique (30 %) ; résidaient en milieu rural (48 %), de niveau socioéconomique pauvre (36 %) et avaient un travail (85 %). Elles avaient été victimes de violence physique conjugale hors grossesse (87 %) ; et 10 % avaient connu la violence conjugale dans le foyer de leurs parents. La prévalence de la violence physique conjugale pendant la grossesse était de 02,55 % (IC95% : 2,1-3,0). Les facteurs associés identifiés sont : l'antécédent de violence du partenaire hors grossesse (AOR=2,13 IC95% : 1,12-4,00), l'antécédent de violence conjugale dans le foyer des parents (AOR=2,58 IC95% : 1,59-4,31), le caractère violent de la femme (AOR=4,31 IC95% : 2,4-8,96), l'instruction de la femme (AOR=2,01 IC95% :1,35-3,85), la tranche d’âge de 25-34 ans (AOR=2,37 IC95% :1,13-4,35)) et l'alcoolisme du partenaire (AOR=2,52 IC95% : 1,57-4,40).

Plusieurs facteurs individuels et contextuels identifiés jouent un rôle dans la survenue de la violence physique conjugale pendant la grossesse. Les stratégies de lutte pourraient en tenir désormais compte pour améliorer le vécu des couples.