L’Enquête de Santé publique post-attentats du 13 novembre 2015 (ESPA 13 novembre) est une enquête épidémiologique réalisée par Santé publique France, dans le cadre du programme 13 novembre. Le première phase a été réalisée en 2016. Elle interroge les personnes civiles et les intervenants (professionnels et bénévoles) exposés aux attaques afin d’explorer l’impact post-traumatique des attentats sur leur santé ainsi que leur recours aux soins. L’enquête se présente sous la forme d’une série de questions fermées ainsi que de plusieurs questions ouvertes. Nous exposons ici l’analyse des réponses des civils, rédigées entre 8 et 12 mois après les attentats, à la question spécifique suivante : « Si vous avez des enfants, pouvez-vous nous dire si vous pensez que l’expérience que vous avez vécue a eu un effet sur eux, ou sur la relation avec eux ? Pouvez-vous nous expliquer ? ».

Il s’agit de connaître l’impact des attentats sur les enfants des civils exposés et sur les relations parents–enfants, ce qui a été peu étudié dans le cadre d’attentats de masse.

Nous avons procédé à une analyse thématique des réponses des civils à la question spécifique concernant leurs enfants, en constituant les thématiques générales par réduction de données.

L’analyse thématique laisse apparaître quatre thèmes principaux qui concernent l’impact des attentats sur les relations parents–enfants, les changements vécus dans leur rôle de parent, les réactions des enfants et enfin, la manière dont ils ont tenté de protéger leurs enfants.

Quelques mois après les attentats de novembre 2015, une partie des participants à l’enquête mettent en avant les changements psychiques qui se sont opérés chez eux : mal-être, peur du monde extérieur, inquiétude concernant la sécurité de leurs enfants. Ils relèvent d’existence de difficultés chez leurs enfants termes de stress, d’insécurité, de perturbations psychiques jusqu’à l‘émergence de véritables troubles. S’ils ont tenté de mobiliser leur fonction de protection de multiples façons, une partie d’entre eux indiquent se sentir impuissant et avoir des difficultés à trouver des espaces de soins adaptés. Les enfants de leur côté peuvent également se montrer très protecteur avec leurs parents. Pour certains, cette inquiétude mutuelle a provoqué un resserrement des liens familiaux qui a pour fonction la réassurance du groupe.

Santé publique France carried out a web-based epidemiological survey (ESPA 13 Novembre) between 8 and 12 months after the terrorist attacks of the 13 November 2015. This was done in order to explore the post-traumatic psychological impact of the attacks on the directly exposed civilians and responders as well as their use of healthcare services. The survey took the form of a series of closed-ended questions as well as several open-ended questions. We present here an analysis of the responses of civilians to the following specific question: “If you have children, can you tell us whether you think the experience you went through had an effect on them, or on your relationship with them? Can you explain?”.

To find out about the impact of the attacks on the children of exposed civilians and on parent–child relationships, something that has never been studied in the context of mass attacks.

We carried out a thematic analysis of civilians’ responses to this specific question, building up general themes by data reduction.

The analyses revealed four main themes which relate to the impact of the exposure to terrorist attacks on parent-child relationships, the changes experienced in their role as parents, their children's reactions and, finally, the ways in which they tried to protect their children.

The parents highlighted the psychological changes that operated in them, their unease, their fear of the outside world, and their concern for their children's safety. They discussed the consequences of the attacks on their children in terms of stress, insecurity, psychological disturbances, and even of the emergence of real disorders. The parents have tried to fulfil their protective role in a variety of ways, sometimes with a feeling of powerlessness reinforced for some by the difficulty of finding suitable care spaces. Attachment bonds have, for the most part, tightened in these families demonstrating their reassuring function within the group. It seems essential to care for children, and the family as a whole, alongside their parents, in order to re-establish secure attachment bonds which are a factor in resilience.