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Les internistes et le COVID long en France et en Belgique - 28/11/24

Doi : 10.1016/j.revmed.2024.10.367 
B. Ranque 1, , E. Cogan 2
1 Médecine interne, hôpital européen Georges-Pompidou, Paris 
2 Médecine interne, hôpital Erasme, Bruxelles, Belgique 

Auteur correspondant.

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Résumé

Introduction

Chez les médecins comme dans la littérature scientifique, la physiopathologie du COVID long ne fait pas consensus. Les patients souffrant de COVID long relatent un sentiment de non-reconnaissance et d’errance médicale, faute d’interlocuteur médical acceptant de les prendre en charge. Les modes de prise en charge sont également très hétérogènes. Nous avons souhaité connaître les opinions des internistes sur les causes potentielles et la prise en charge du COVID long.

Patients et méthodes

Nous avons mené une enquête en ligne via la liste de diffusion aux membres des sociétés savantes de médecine interne française et belge (SNFMI et SBMI) en juin 2024. Les internistes devaient choisir une ou plusieurs causes possibles de COVID long puis déterminer celle qui leur semblait la plus fréquemment en jeu. Ils devaient également choisir le circuit de prise en charge qui leur semblait le plus adapté.

Résultats

Le questionnaire a été rempli par 251 internistes : 222 français (41 % de femmes) et 29 belges (31 % de femmes, 51 % francophones). Toutes les régions françaises étaient représentées, notamment Ile de France (27 %), Auvergne-Rhone-Alpes (18 %), Occitanie (9 %) et Grand Est (8 %). Les classes d’âge les plus représentée étaient 30–39ans (37 %) et 40–49ans (28 %). Les principaux lieux d’exercice étaient : CHU (52 %), CHG (37 %), ESPIC (5 %) ou hôpital privé (5 %). La majorité (55 %) des internistes avaient pris en charge entre 1 et 10 patients souffrant de COVID long, 10 % en avaient vu plus de 50 et 6 % aucun.

Pour les 222 répondants français, les causes probables de COVID long étaient le trouble somatique fonctionnel (TSF) (89 % des répondants), le déconditionnement physique (76 %), syndrome de stress post-traumatique, le SSPT (42 %), le trouble anxiodépressif (43 %), une maladie dysimmunitaire post-virale (20 %), la persistance de SarsCov2 (8 %) ou diverses autres hypothèses (trouble de la coagulation, SAMA, mitochondropathie, encéphalomyélite myalgique, échec d’homéostasie, construction sociale, épuisement mental...). Lorsqu’on leur demandait de choisir une cause principale de COVID long, 64 % choisissait le TSF, 19 % le déconditionnement physique, 6 % la dysimmunité, 4 % le SSPT, 3 % le trouble anxiodépressif et 2 % la persistance du SarsCOv2. Les réponses ne différaient pas significativement selon le sexe, l’âge ou la région, mais les internistes exerçant en hôpital ou en cabinet privé optaient plus souvent pour une cause biologique (25 % vs 7 %, p=0,01)

Parmi les 29 répondant belges, 41 % pensaient que le COVID long avait principalement une cause biologique (essentiellement une maladie dysimmunitaire post-virale, n=12). Seulement 38 % évoquaient un TSF, 10 % un déconditionnement physique et 7 % un SSPT. Aucun d’entre eux ne pensait que la persistance du virus était la principale cause du COVID long, mais 6 (21 %) considéraient qu’elles pouvaient y contribuer.

Dans les deux pays, la grande majorité des internistes interrogés (248/251, 99 %) ne souhaitaient pas prendre en charge seuls les patients atteints de COVID long. Parmi eux, 71 (28 %) souhaitaient ne pas les recevoir du tout en consultation, 109 (43 %) ne souhaitaient plus s’en occuper une fois la première évaluation diagnostique effectuée et 71 (28 %) souhaitaient un suivi conjoint avec d’autres professionnels (kinésithérapeutes, psychologues, psychiatres…).

Conclusion

Notre enquête reposait sur le volontariat, aussi elle a sélectionné des internistes intéressés par la question du COVID long. Elle montre toutefois une grande diversité d’opinion, notamment entre les internistes français qui optent de façon large pour une cause principalement fonctionnelle et les internistes belges qui pensent davantage à une cause biologique. Très peu toutefois envisagent une persistance virale.

Les réponses concernant la prise en charge souhaitée corroborent l’expérience de rejet vécue par les patients. De fait, les consultations sont souvent longues et difficiles pour les médecins, notamment en qui concerne la gestion de l’incertitude et des attentes très importantes des patients. Une prise en charge multidisciplinaire est plébiscitée par tous. Une meilleure formation des médecins et des soignants pour le diagnostic positif, les modalités d’annonce et de traitement des TSF pourrait possiblement améliorer ce ressenti très négatif.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

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