Un cas de morphée généralisée survenant à la suite d’une infection SARS-CoV-2 - 28/11/24
Résumé |
Introduction |
La morphée est un processus inflammatoire auto-immun et fibrosant de la peau et des tissus sous-jacents dont l’étiopathogénie reste peu élucidée. Le rôle des facteurs génétiques et environnementaux est suggéré dans la dysrégulation immunitaire. Nous rapportons ici le cas d’une patiente ayant présentée une morphée généralisée survenant à la suite d’une infection SARS-CoV-2.
Observation |
Il s’agissait d’une patiente âgée de 76 ans qui s’est présentée à notre service de dermatologie pour une sclérose cutanée diffuse évoluant depuis six mois. Elle avait comme antécédents médicaux une hypothyroïdie périphérique bien équilibrée sous traitement substitutif et une hypertension artérielle sous inhibiteur de l’enzyme de conversion depuis 6 ans. À l’interrogatoire, on trouvait la notion d’une symptomatologie grippale faite de fièvre, de myalgies, de dyspnée et de toux sèche précédant d’environ un mois l’apparition des plaques scléreuses de la peau. Un test PCR COVID-19 nasopharyngé positif confirmait une infection SARS-CoV-2. Un traitement symptomatique était prescrit avec une bonne évolution. Quatre semaines plus tard, elle notait l’apparition de plaques scléreuses et indurées de la peau touchant initialement les flancs et s’étendant progressivement vers le bas du dos, les hanches, la région interscapulaire et mammaire. On ne trouvait pas la notion d’un phénomène de Raynaud ni de reflux gastro-duodénal ou de dysphagie. L’examen physique objectivait la présence de plaques scléreuses diffuses, luisantes, en ceinture, au niveau des flancs, de la région lombaire et les hanches, sans atrophie, épargnant la région péri-ombilicale, les aréoles mammaires, et les extrémités. La sclérose cutanée touchait aussi la région interscapulaire, englobaient les seins devenant rétractiles. Par ailleurs, il n’y avait pas de sclérodactylie ni d’ulcérations digitales actives ou cicatricielles. Le bilan biologique ne montrait pas d’anomalies notamment pas d’hyperéosinophilie ni de syndrome inflammatoire biologique. La sérologie de la borréliose de Lyme était négative. Le bilan immunologique révélait la positivité des anticorps antinucléaires à 1/320 ainsi que la présence des anticorps anti-DFS70. Le scanner thoraco-abdomino-pelvien était sans anomalies. La biopsie trouvait une sclérose du derme avec horizontalisation et épaississement des faisceaux de collagènes avec atrophie des annexes, confirmant ainsi le diagnostic de morphée. Le diagnostic de morphée généralisée survenant à la suite d’une infection SARS-CoV-2 était le plus probable. La patiente était traitée par photothérapie associée aux dermocorticoïdes et au méthotrexate à la dose de 15mg par semaine avec un début d’amélioration après deux mois de traitement.
Discussion |
En plus de son tropisme multiviscéral, plusieurs études suggéraient le rôle clé du virus de COVID-19 dans le déclenchement des maladies auto-immunes et inflammatoires, et ce, par le biais du mimétisme moléculaire et la production excessive de cytokines inflammatoires allant jusqu’à l’orage cytokinique. Importante pour la régulation de la réponse immunitaire, l’interleukine-6, si elle est produite d’une manière inappropriée, peut cependant être néfaste et entraîner des lésions tissulaires graves telles qu’une pneumopathie interstitielle diffuse ou une fibrose cutanée comme décrite au cours de la morphée. À notre connaissance, deux cas de morphée généralisée survenant à la suite d’une infection SARS-CoV-2 ont été rapportés dans la littérature.
Conclusion |
Nous avons illustré à travers cette observation un cas de morphée généralisée précipitée par une infection par le virus COVID-19. Des études à larges échelles sont nécessaires pour mieux déterminer l’incidence de cette association et élucider sa physiopathogénie.
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Vol 45 - N° S2
P. A504-A505 - décembre 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.