La psychothérapie des patients psychotiques est l’objet de multiples débats et discussions avec en arrière-fond deux organisateurs : la crainte de faire pire que mieux d’une part, et débusquer les idéologies sous-jacentes susceptibles d’aggraver la discrimination implicite des patients sous le masque de la bienveillance en réalité rejetante. En forçant le trait trois grands courants existent : contenir la jouissance ce qui permet au patient d’élaborer parallèlement (avec le risque de la sclérose psychique), la remédiation cognitive avec le risque de la normalisation idéologique, enfin l’immersion dans le monde psychotique (avec le risque de soutenir le délire et sa souffrance). Nous allons dans ce texte discuter cette troisième possibilité en nous appuyant sur la pensée de Gaetano Benedetti, sur une base par conséquent psychanalytique. Il ne s’agit ni de prosélytisme pour la pensée de Benedetti, ni d’ostracisme envers les autres approches.

Les grand principes de la pensée de Benedetti seront repris tout en même temps que nous proposerons des illustrations cliniques issues de notre pratique. Un rappel succinct de la différence entre psychanalyse et psychothérapie sera proposé ainsi que l’impossibilité d’une psychanalyse avec un patient psychotique, raison de notre titre qui indique « psychothérapie psychanalytique ».

Il apparaît que les thèses de Benedetti, la praxis qui en découle, ne concernent pas tous les patients psychotiques ni tous les psychanalystes, il y faut une sorte de nature particulière dont Freud parlait déjà en son temps. Le point crucial réside d’une part en la « positivation » (considérer que le patient délirant dit vrai puisqu’il s’agit de sa réalité). L’autre aspect concerne une attitude « d’identification partielle », c’est-à-dire de s’identifier au patient dans sa psychose et de travailler solidairement avec lui en partant de sa vérité.

La psychothérapie psychanalytique des patients psychotiques par identification (partielle) peut être une voie intéressante d’accès à leurs mécanismes psychopathologiques les plus intimes afin de proposer une aide comme le ferait un architecte et non un archéologue (au sens de Freud pour la cure type).

Benedetti a conçu un mode d’abord de la psychose pouvant se révéler utile dans nombres de cas tout en relativisant la possibilité des réussites. Une réussite aboutit à la construction d’une structure indécidable mêlant des éléments inconscients du patient et d’autres de l’analyste du fait des effets d’identification provoquant une forme d’hybridation inconsciente.

The psychotherapy of psychotic patients is the subject of much debate and discussion, with two underlying factors: firstly, the fear of making situations worse rather than better, and secondly, the need to flush out the underlying ideologies likely to aggravate the implicit discrimination of patients under the mask of benevolence, which in reality is rejectionist. Roughly speaking, there are three main approaches: containment of jouissance, which allows the patient to elaborate (with the risk of psychic sclerosis); cognitive remediation, with the risk of ideological normalization; and finally immersion in the psychotic world (with the risk of propping up delirium and the suffering it brings about). In this paper, I will discuss this third possibility, drawing on the thinking of Gaetano Benedetti, and consequently on a psychoanalytical basis. It is neither a question of proselytizing Benedetti's thought, nor of ostracizing other approaches.

The main principles of Benedetti's thinking will be taken up again, at the same time as I propose clinical illustrations from my own practice. A brief reminder of the difference between psychoanalysis and psychotherapy will be offered, as well as the impossibility of psychoanalysis with a psychotic patient, which is why my title refers to “psychoanalytic psychotherapy”.

It appears that Benedetti's theses, and the praxis that follows from them, do not concern all psychotic patients or all psychoanalysts; they require a kind of special nature that Freud was already talking about in his day. The crucial point is, on the one hand, “positivization” (considering that the delusional patient is telling the truth because it is his reality). The other aspect concerns an attitude of “partial identification”, i.e. identifying with the patient in her psychosis and working in solidarity with her on the basis of his truth.

Psychoanalytic psychotherapy of psychotic patients using (partial) identification can be an interesting way of gaining access to the patient's most intimate psychopathological mechanisms, in order to offer help as an architect rather than an archaeologist (in Freud's sense of the typical cure).

Benedetti has devised a way of approaching psychosis that may prove useful in a number of cases, while putting the possibility of success into perspective. Success results in the construction of an undecidable structure combining unconscious elements of the patient and others of the analyst as a result of identification effects causing a form of unconscious hybridization.