La défiguration concrétisée dans l’acte suicidaire traduit un message énigmatique. L’homme qui prend l’option de décapiter son image choisit l’anonymat ou l’exception pour fuir une vie accablée. Mais les apparences sont souvent trompeuses car la tentation autolytique masque quelquefois un tout autre phénomène. De fait, l’aporie de la situation demande une analyse. Cette recherche repose sur la chronique d’un patient suivi dans un service de chirurgie maxillofaciale pour la prise en charge de sa mutilation. Le récit du supplice vécu par le sujet révèle une âme passionnée qui démantèle la raison et achève son processus funeste sur un visage. On suppose l’échec de sa tentative de suicide comme un triomphe périlleux sans gloire. Ce déboire nous motive à explorer les embrasures envenimées de cet esprit fébrile. L’homme a été effleuré par la faux de la Mort et l’anecdote est susceptible d’éclairer une problématique existentielle. L’acte iconoclaste ne se serait pas exécuté en vain si le visage dégageait une résistance morale et éthique. L’évolution de son existence traumatisée conduit à un sentiment d’insatisfaction de la vie. Finalement, il va lui falloir murer l’expression de cette négation. La défiguration suicidaire révèle-t-elle une âme renonçant à son expression faciale ? Mais encore, le visage peut aussi être un aveu de l’âme que le corps ou l’esprit ne voulait plus laisser voir. Les nœuds intrapsychiques trouvent leur délivrance dans un geste qui déverrouille des lignes recouvertes d’un deuil incommensurable. Au demeurant, qu’il s’agisse d’un acte suicidaire maladroit ou d’une défiguration isolée, le geste chasse toute loi morale. La république du genre humain est renversée par un seul manquement au sentiment d’appartenance à la communauté. La recherche mobilise deux morales : la défiguration autolytique est au cœur de la démarcation entre un Kant qui invite l’homme moral à défendre l’humanité en lui-même et un Levinas qui en appelle au visage pour protéger Autrui.

Disfiguration through the act of suicide conveys an enigmatic message. A man who decides to behead his own image chooses anonymity or exception to escape his devasting life. Appearances are deceptive because an autolytic temptation sometimes conceals a quite different analysis. This study investigates the story of a patient whose self-inflicted mutilation was treated in a department specialized in maxillaryfacial surgery. The history of the torment suffered by the patient reveals in him a furor-stricken soul that dismantles reasons and completes the deathly process on the face. The failure of the attempted suicide can be assumed to be an empty triumph. This attempted suicide case explores the depths of the patientʼs troubled mind in a man who came close to the scythe of death, bringing to light an existential problem. This iconoclastic action would not have been executed in vain if his face expressed moral and ethical resistance, but instead his traumatized life has led to a sense of dissatisfaction for life itself. In the end, he will have to wall off the expression of this denial. Does suicide through disfiguration reveal a soul renouncing its facial expression? Then again, the face may well be a confession of the soul that the body and mind do not want to disclose. The intrapsychic bonds find deliverance in a movement that releases the lines entangled in an inconsolable affliction. Otherwise, whether it be an inelegant suicide act or an isolated disfiguration, his action dismisses any moral law. The republic of mankind is astounded by a single violation of the sense of belonging to the community. Research mobilizes two moral ethics: suicide through disfiguration lies within the dividing line at the core of the line dividing Kant, who urges ethical man to protect the human nature himself and Levinas, who calls on the face to protect others.