La génétique a eu des rapports difficiles avec les sciences humaines, d’abord pressentie par les philosophes, elle fut utilisée en psychiatrie, non pour l’aide de patients reconnus comme vulnérables, mais dans l’idée d’un arrêt des dégénérescences dans la population (théorie de Morel). La frilosité des psychiatres envers ce domaine de recherche peut donc bien se concevoir et s’entendre. Pourtant, la génétique est une voie d’abord puissante et originale dans l’approche de la souffrance psychique. Un certain nombre de malentendus expliquent que les psychiatres (français notamment, et plus que les patients eux-mêmes), émettent des réserves sur la recherche en génétique des maladies mentales. Trois concepts souvent mal compris sont ici détaillés (le déterminisme génétique, l’héritabilité, l’agrégation familiale) puis illustrés pour la schizophrénie à travers une revue de la littérature des études familiales et de quelques gènes candidats. Portées et limites de la génétique appliquée à la schizophrénie devraient ainsi être mieux précisés.

The relationship between the field of genetics and the social sciences has been fraught with difficulties. The philosophers were the first to predict that it would not be an easy matter, and genetics was used in psychiatry not as an aid to persons recognized as being vulnerable, but with the aim of putting a term to degeneration within the population (the theory of Morel). The hesitancy shown by psychiatrists toward this area of research can thus be well understood. However, genetics is first of all a powerful and original means of investigating psychic suffering. A certain number of misunderstandings explain why psychiatrists (French psychiatrists in particular, and to a greater degree than the patients themselves) show some reserve regarding genetic research into mental illnesses. Three concepts that are often poorly understood have been detailed in this article (genetic determinism, heritability, familial aggregation), then illustrated for schizophrenia through a review of familial studies and several candidate genes. The implications and limits of genetics as applied to schizophrenia should thus be better defined.