En 1921, Freud fait de la préhistoire de l’Œdipe, un moment d’identification au père et désigne cette « identification primaire » comme le lien le plus précoce à l’objet. S’appuyant implicitement sur le principe de la récapitulation, qui permet de faire valoir, pour le développement de l’enfant, ce qui semble avéré pour le développement de l’espèce, Freud va alors développer une théorie de l’identification primaire qui s’étaye sur un double modèle de l’anthropophagie. D’une part, il fait référence à une compréhension anthropologique du cannibalisme (R. Smith, Tylor) issue des déclarations des cannibales eux-mêmes et que l’on peut, à ce titre, considérer comme une théorie indigène du cannibalisme. D’autre part, les considérations freudiennes sur l’identification précoce, l’oralité et le cannibalisme doivent compter avec des perspectives biologico-psychiatriques (Krafft-Ebing, Kiernan), selon lesquelles, l’évolution des espèces a commencé par une coalescence des désirs d’alimentation et de copulation. Si pendant tout un temps Freud a laissé ces perspectives bio-évolutionnistes de côté, il y revient cependant, lorsqu’il s’agit d’éviter que la théorie, sinon l’analyse, ne consacre le caractère passif et féminin de la régression orale du petit garçon, telle qu’elle apparaît, par exemple, chez L’homme aux loups.

In 1921, Freud made a link between the prehistory of the Oedipean complex and an identification with the father, and hypothesized that this primary identification was the earliest link to the object. Implicitly basing his argument on the principle of recapitulation, which can be seen in the development of the child, and which also appears to be the case for the development of the human race, Freud went on to propose a theory of primary identication based on a double model of cannibalism. On the one hand, he referred to an anthropological understanding of cannibalism derived from declarations made by the cannibals themselves and that can therefore be considered as an indigenous theory of cannibalism. On the other hand, the Freudian theories on primary identification, oral impulses, and cannibalism must take into account biologico-psychiatric considerations which postulate that the evolution of the species began by a combined desir for food and copulation. Although Freud did not take these bio-evolutionary views into consideration during a certain period, he nevertherless returned to them when theory, if not analysis, was in danger of focusing uniquely on the passive and feminine character of oral regression in the small boy, as for example appears in the account of the wolf man.