L’objectif de ce travail est de montrer à quel point il existe un décalage entre la plainte subjective du patient et le déficit cognitif objectif apprécié par des tests neuropsychologiques. Ce décalage existe à tout âge dans la population générale, mais prend une dimension particulière chez la personne âgée atteinte d’une maladie somatique. Nous illustrons nos propos à partir d’une observation faite sur 32patientes âgées de plus de 70ans, toutes atteintes d’un cancer du sein, candidates à une opération chirurgicale nécessitant une anesthésie générale, à qui nous avons fait passer des tests évaluant la mémoire, l’attention, les fonctions visiospatiales et les fonctions exécutives. Nous proposons deux outils brefs à l’usage des soignants permettant d’apprécier très rapidement l’état cognitif et thymique de leurs patients afin de les orienter, quand cela est justifié, vers le gériatre ou le neuropsychologue pour une évaluation plus approfondie des troubles repérés. La question de l’évaluation du patient âgé avant une intervention chirurgicale en oncologie est tout à fait d’actualité, compte tenu de l’augmentation de la population vieillissante. Elle pose le problème de l’équilibre à trouver entre l’évaluation inutile et fatigante pour le sujet et l’évaluation nécessaire pour prévenir des difficultés potentielles.

The aim of this work is to show to what extent there is a gap between the subjective complaint of the patient and the objective cognitive deficit assessed by neuropsychological tests. This gap exists at any age in the general population but takes on a particular dimension when older persons are affected by a somatic disease. We illustrate our comments from our experience with 32 aged patients (over 70 years old), suffering from breast cancer, who required surgery. We propose two brief tools to help physicians and nurses achieve rapid assessment of mood and cognitive states in their old patients in order to refer them, when needed, to specialists.