L'épidémiologie des allergies alimentaires est moins bien connue que celle des autres symptômes de l'atopie, asthme, rhinites allergiques, eczéma qui ont bénéficié de grandes études multicentriques internationales. L'étude épidémiologique des allergies alimentaires est délicate car leur diagnostic est difficile et la méthodologie des études à mener est lourde. Cette revue de la littérature permet d'évaluer entre 2 et 4 % la prévalence des allergies alimentaires tous âges confondus. Elle semble avoir doublé au cours des 10-15 dernières années. Dans la seule étude disponible, le risque annuel de décès par allergie alimentaire a été estimé à 1 pour 800 000. Les prévalences estimées des principales allergies alimentaires chez les enfants âgés de deux ans-deux ans et demi sont les suivantes : oeuf de poule (1,6 à 2,6 %), lait de vache (1,1 à 2,2 %), arachide (0,9 à 1,2 %), noix d'arbres (0,5 %). Une seule étude comparative, effectuée par les mêmes auteurs, avec la même méthodologie, sur deux cohortes étudiées successivement dans l'Île de Wight montre que la prévalence de l'allergie à l'arachide a doublé en cinq ans, passant de 0,5 à 1 %. Dans le même temps, la prévalence des sensibilisations à cette légumineuse a triplé de 1,1 à 3,3 %. De nouvelles études, multicentriques et prospectives, sont nécessaires pour mieux préciser ces résultats. Elles sont à interpréter en fonction des habitudes alimentaires, souvent fort différentes, de chaque pays. L'augmentation probable de la fréquence des formes graves d'allergies alimentaires, anaphylaxie et chocs anaphylactiques, nécessite une surveillance étroite fondée sur la notification des cas dans le cadre de l'allergovigilance.

The epidemiology of food allergies is less well known than that of other allergic conditions such as atopy, asthma, allergic rhinitis and eczema, all of which have been the subject of large multicentric international studies. Epidemiological studies of food allergies are difficult to carry out because the diagnosis is complex and the methodology of such studies is complicated. A recent review of the literature shows that the prevalence of food allergies is reported to be from 2% to 4%, all ages included; it seems to have doubled over the last 10-15 years. In the only epidemiological study of food allergy that we found, the yearly risk of death due to any food allergy was estimated to be 1 in 800,000. The estimated prevalence of the principal food allergies in infants between 2 and 2 1/2 years of age is reported to be as follows: hen's egg = 1.6-2.6%; cow's milk = 1.1-2.2%; peanut = 0.9-1.2%; other nuts = 0.5%. A group of investigators who studied a cohort of subjects living on the Isle of Wight once and then again, using the same methodology, 5 years later found that the prevalence of peanut allergy had doubled over that period, going from 0.5% to 1%. They also found that sensitisation to this food had tripled, going from 1.1% to 3.3%. We believe that new multicentric, prospective studies are necessary to verify these reported results; they should take into account the subjects' eating habits, since they are often very different in different countries. We recommend that the apparent increase in the frequency of severe cases of food allergy, i.e., systemic reactions and anaphylactic shock, calls for close surveillance, with notification of such incidents to an Allergo-Vigilance network.