Cette étude compare les représentations de la schizophrénie dans la population générale et dans une population de patients schizophrènes. Dès lors que le plan santé mentale prévoit la mise en place de campagnes d’information et de déstigmatisation à destination du grand public dès 2007, il semble nécessaire de mieux comprendre les contenus de ces représentations. Les sujets atteints de schizophrénie étant de plus en plus souvent informés de leur diagnostic, la connaissance de leurs propres représentations de la maladie représente un paramètre important dans la prise en charge et la prévention des rechutes. Nous avons interrogé un groupe de 20 sujets schizophrènes informés de leur diagnostic et un groupe de 20 sujets issus de la population générale pour lequel nous avons contrôlé le fait de connaître ou d’avoir côtoyé un sujet atteint de schizophrénie. Nous avons trouvé dans la population générale des représentations indiquant la possibilité de considérer le schizophrène comme une personne atteinte de dysfonctionnements et non plus seulement comme un «fou». Nous ne trouvons pas de différence entre la population générale et le groupe de patients schizophrènes en ce qui concerne les représentations stigmatisantes du trouble. Nous expliquons ce résultat par la notion d’internalisation de représentations stigmatisantes. Les schizophrènes s’approprieraient en effet les représentations stigmatisantes qu’ils supposent chez autrui. Ce résultat inattendu souligne la nécessité de travailler sur les représentations liées à la schizophrénie, tant auprès de la population générale que des patients eux-mêmes.

This study aims to compare social representations of schizophrenia in a sample of schizophrenics patients and in the general population. This question is of considerable interest in clinical practice and in psychosocial intervention. On the one hand, most of the schizophrenics patients have been informed about their diagnosis. On the other hand it is well known that stigmatisation attached to the labeling of schizophrenia has major repercussions on the acceptation of the diagnosis for the patient and his family, the compliance to treatment and the quality of life. Understanding social representations of schizophrenia in a sample of schizophrenics may be useful in adapting psychoeducation techniques and preventing relapses. We have investigated these reprentations in a sample of 20 schizophrenics who were informed of their diagnosis and in a 20 matched sample in the general population. We have excluded the persons who had a previous contact with a schizophrenic. Results show that medical representations of the trouble occur in general population, which can be considered as a positive evolution of the representation of schizophrenic people who are considered as ill persons rather than just “mad”. With regard to stigmatising representations, it is surprising to note that schizophrenics and the general population share the same representations. We hypothesize that this attitude in schizophrenics may result from an internalization of the supposed stigmatisation about their illness.