O027 - Une faible dose d’acide docosahexaénoïque exerce un effet cardioprotecteur chez le rat, via une modification physiologique et métabolique du myocarde traité par un digitalique - 04/12/08
M Bernard [1],
J M Maixent [2],
A Gerbi [3],
C Lan [1],
P Cozzone [1],
G Pieroni [4],
M Armand [3],
T C Coste [4]
Voir les affiliationsIntroduction et But de l’étude. – L’huile de poisson, source d’oméga 3 (EPA + DHA), a un effet cardioprotecteur grâce à ses propriétés antiarhythmiques. Ces effets ont été observés aussi bien chez l’homme que chez l’animal. L’incorporation d’acides gras polyinsaturés (AGPI) principalement dans la membrane des cellules cardiaques, pourrait expliquer cet effet bénéfique. Nous avons précédemment montré chez le rat qu’un régime enrichi en huile de poisson augmente la contractilité induite par l’ouabaïne (un des digitaliques utilisés dans l’insuffisance cardiaque) sans potentialiser sa toxicité. Un changement du métabolisme énergétique cardiaque a été corrélé à ces effets. Le rôle particulier du DHA n’est pas connu. Notre objectif était de déterminer quelle dose de DHA apportée par voie orale pouvait agir sur les changements physiologiques et métaboliques induits par les digitaliques via une modification du profil en AGPI des membranes cardiaques.
Matériel et Méthodes. – Trois groupes de 13 rats mâles Wistar ont reçu pendant 4 semaines un régime standard additionné de poudre de jaune d’œuf contenant des phospholipides riches en DHA (GPL-DHA®, 10, 35 et 60 mg DHA/kg, D10, D35 et D60) et ont été comparés à un groupe contrôle (C, n = 13) recevant le régime standard. À la fin de cette période, le cœur a été isolé (n = 7) et perfusé (milieu de Krebs-Henseleit, 37 °C) afin de mesurer en basal et sous stimulation par l’ouabaïne, en fonction de la dose (0,1 µM à 0,3 mM) et du temps (0,3 mM, 4 à 12 min) : 1) la contractilité (dP, dP/dt), et 2) le métabolisme énergétique (Phosphocréatine (PCr), ATP) par RMN du phosphore-31. Le profil en acides gras des phospholipides membranaires a été déterminé par chromatographie en phase gazeuse (n = 6). Les statistiques ont été réalisées par le test de Mann-Whitney.
Résultats. – Le taux de DHA des membranes cardiaques augmente progressivement en fonction de la dose apportée par la supplémentation (C : 11,8 ± 0,9 ; D10 : 12,8 ± 0,6; D35 : 15,4 ± 0,8 ; D60 : 17,1 ± 1,1 % des acides gras totaux). Il s’ensuit une baisse significative du rapport n-6/n-3 (C : 2,7 ± 0,1 ; D10 : 2,3 ± 0,1; D35 : 2,1 ± 0,1 ; D60 : 1,9 ± 0,1) (p < 0,05). Dans les groupes recevant du DHA, les taux de PCr et d’ATP en basal sont significativement plus élevés et l’effet contractile de l’ouabaïne est augmenté (131 ± 24, 147 ± 16, 152 ± 20 % pour D10, D35 et D60 vs 47 % ± 7 pour C, à 0,1 mM, p < 0,05). L’altération de la fonction et du métabolisme énergétique en réponse à la dose toxique d’ouabaïne (0,3 mM) est retardée.
Conclusions. – La supplémentation en DHA, dès 10 mg/kg, induit des changements de la membrane cardiaque et une amélioration de l’efficacité de l’ouabaïne sur la contractilité du myocarde. Un effet cardioprotecteur du DHA à la plus faible dose testée est démontré sur le plan de la physiologie cardiaque et de son métabolisme. Ces résultats suggèrent un fort potentiel bénéfique de l’utilisation du DHA sous forme de phospholipides dans le traitement de l’insuffisance cardiaque.
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Vol 22 - N° S1
P. 37 - novembre 2008 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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