Les troubles des conduites alimentaires touchent une proportion importante de la population, essentiellement féminine. Actuellement, de nombreuses études s’interrogent sur les liens qui unissent deux de nos principaux comportements : le sommeil et l’alimentation. Ainsi, des études récentes chez l’animal et chez l’homme ont montré que la restriction alimentaire chronique entraîne une fragmentation du sommeil et une diminution du sommeil à ondes lentes. Les études sur le sommeil dans l’anorexie mentale mettent en évidence une fragmentation du sommeil, une augmentation de la quantité de stade 1 et un réveil matinal précoce. Des résultats contradictoires concernant le sommeil lent profond et le sommeil paradoxal ont été rapportés, mais une diminution du sommeil à ondes lentes est fréquemment retrouvée et semble corrélée positivement à la dénutrition. Dans l’anorexie mentale, la renutrition partielle permet l’augmentation du sommeil à ondes lentes, certainement par l’intermédiaire de signaux métaboliques encore inconnus. Chez les patients boulimiques, il n’y a pas de modification polysomnographique. En revanche, on observe souvent un retard de phase en lien avec la survenue le soir ou en début de nuit des crises de boulimie. Il est important de faire la distinction entre ces crises de boulimie le soir et le syndrome d’alimentation nocturne ou les troubles alimentaires liés au sommeil.

It is increasingly recognised that sleep and feeding are interrelated. Patients with eating disorders show sleep abnormalities in comparison with normal subjects. Eating disorders consist of severe disturbances in eating behaviour, and the spectrum encompasses anorexia nervosa and bulimia. About 90% of anorexia nervosa occurs in females, in late adolescence and early adulthood. One would expect frequent complaints about a disturbed nocturnal sleep in patients with anorexia nervosa and bulimia nervosa. However, such complaints are rare in these patients. Probably because anorexic patients use the time gained by a shortened sleep period to be active. Bulimic patients hardly ever report insomnia but they tend to shift forward their sleep period due to binge episodes in the late evening and the early night. On polysomnographic studies, patients with bulimia nervosa are not distinguishable from control subjects; patients with anorexia nervosa have significant decrements in sleep efficiency, total sleep time and slow waves sleep amounts. After weight gain, patients with anorexia nervosa show significant increases in total sleep and slow waves sleep.