Cet article, centré sur la science en général avec des passerelles vers la sexologie, n’est pas un pamphlet contre la science mais une mise en lumière des limites de cette dernière à travers l’évolution des concepts. Il nous a paru utile de poser certaines questions devenues rares, y compris métaphysiques, afin de mieux comprendre le déclin actuel de la subjectivité dans l’évaluation et la prise en charge des troubles sexuels. Dans les publications et les congrès des 15 dernières années consacrés à la sexologie et à la médecine sexuelle, les facteurs subjectifs sont quasiment absents et l’accent est mis d’abord sur les explorations biologiques et paracliniques ; si bien que l’étiologie psychologique n’est retenue que si ces dernières sont négatives. Un autre exemple de cette manière de penser est la facilité avec laquelle l’idée que la dysfonction érectile (DE) est un signe de pathologie cardiovasculaire s’est si largement répandue, alors que, si cela est valable pour des sujets vieillissants ou des pathologies spécifiques, cela n’est pas souvent vrai avant 50 ans et à plus forte raison chez des sujets jeunes pour lesquels la DE est surtout un signe de pathologie relationnelle du couple. Pourtant il a été démontré que l’approche psychologique améliore l’efficacité des traitements pharmacologiques. On peut également mentionner la relation significative existant entre éjaculation prématurée et phobie sociale. Comment peut-on expliquer l’ignorance actuelle des facteurs subjectifs que la médecine basée sur des preuves implique ? Comment en est on arrivés à cette incompréhensible perte de sens ? Quelle est la responsabilité de la science de considérer l’homme uniquement comme une machine neurobiogénique ? Ce sont ces questions auxquelles nous essaierons de répondre.