CO.25 - Les enchéphalomyopathies mitochondriales : une cause fréquente de pseudo-obstruction intestinale chronique - 02/04/09
A Amiot [1],
M Tchikviladze [2],
F Joly [1],
A Slama [2],
P Laforêt [2],
D Cazals-Hatem [1],
C Jardel [2],
B Messing [1],
A Lombes [2]
Voir les affiliationsIntroduction : La Pseudo-Obstruction Intestinale Chronique (POIC) est une maladie rare, responsable d’une insuffisance intestinale chronique d’origine motrice. Les encéphalomyopathies mitochondriales sont une cause classique de POIC. Bien que plusieurs anomalies génétiques affectant le fonctionnement mitochondrial aient été décrites, elles sont généralement réduites au seul syndrome MNGIE (Mitochondrial NeuroGastroIntestinal Encephalomyopathy), lié à une mutation du gène de la thymidine phosphorylase. Le but de ce travail a été de dépister les patients atteints de POIC mitochondriales au sein d’une importante cohorte, et de mieux caractériser leur présentation clinique comparée aux patients atteints de POIC non mitochondriales.
Patients et Méthodes : Etude rétrospective, dans un centre de référence pour la prise en charge des maladies rares et l’assistance nutritive sur une période de 25 ans. Tous les patients présentant des symptômes non-digestifs additionnels à leur POIC (n = 28/79) ont été évalués. La présence d’un déficit mitochondrial était cherchée par le dosage de l’activité enzymatique de la thymidine phosphorylase et de la lactacidémie, par une IRM cérébrale et par une biopsie musculaire. Selon les résultats de ce screening, la recherche des mutations causales était effectuée dans le gène de la thymidine phosphorylase, de l’ARNtleu (UUR), de l’ARNtlys de l’ADN mitochondrial et/ou de l’ADN polymerase gamma.
Résultats : Quinze patients (10 hommes, 5 femmes ; âge médian au moment du diagnostic : 32,3 ans [15,5 - 58,2]) ont été identifiés comme ayant un défaut mitochondrial probablement responsable de leur POIC. Dans presque la moitié des patients (7/15), les manifestations neurologiques et/ou musculaires n’existaient pas lors du diagnostic initial de POIC. Un déficit mitochondrial existait donc chez 19 % de l’ensemble des patients atteints de POIC de notre cohorte (26 % des POIC primitives). Les mutations causales altéraient le gène de la thymidine phosphorylase pour 5 patients, le gène de l’ADN polymérase gamma pour 5 patients et celui de l’ARNtleu (UUR) de l’ADN mitochondrial pour 2 patients. La mutation causale n’a pu être mise en évidence chez 3 patients alors que la dysfonction de la chaîne respiratoire témoignait d’une atteinte mitochondriale. Les patients atteints de POIC mitochondriale se différenciaient des autres patients de la cohorte par la sévérité de la dénutrition associée (recours à la nutrition parentérale au long cours dans 67 % des cas, avec une dépendance significativement plus élevée) et par la fréquence des complications digestives et neurologiques sans différence en terme de mortalité (p = 0,15).
Conclusion : Les encéphalomyopathies mitochndriales semblent être une cause plus fréquente de POIC que précédemment décrit. Un dépistage systématique est indiqué en cas de forme réfractaire ou associée à des manifestations neuromusculaires associées.
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Vol 33 - N° HS1
P. 13 - mars 2009 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.