CO.34 - Transplantation hépatique (TH) de patients avec cirrhose alcoolique (CA) alcoolisés le jour de la greffe : étude cas-contrôle - 02/04/09
R Altwegg [1],
C Vanlemmens [2],
PH Bernard [3],
S Dharancy [4],
P Wolf [5],
J Dumortier [6],
S Radenne [6],
O Chazouillères [7],
JL Faillie [1],
F Navarro [1],
GP Pageaux [1]
Voir les affiliationsIntroduction : La persistance d’une consommation d’alcool chez les patients candidats à la TH est considérée comme une contre-indication à la greffe.
But : Etudier le devenir des patients transplantés pour CA et avec alcoolisation prouvée le jour de la greffe.
Patients et Méthodes : Enquête auprès des centres de TH afin de déterminer ceux qui recherchent une alcoolisation le jour de la TH et qui greffent ces patients. Nous avons constitué un groupe contrôle apparié 2/1, comportant les CA transplantés dans le même trimestre. L’objectif principal était de comparer la survie des patients et du greffon, et la rechute de consommation d’alcool. Les objectifs secondaires étaient de comparer la durée d’hospitalisation, les épisodes de rejet, les complications infectieuses, les complications liées à la consommation d’alcool, les lésions histologiques du greffon.
Résultats : 8 centres remplissaient les critères d’inclusion, soit 42 patients alcoolisés le jour de la TH, 34 h et 8 f, âge médian 51,7 ± 8,5. Le groupe contrôle comprenait 84 patients, 66 h et 18 f, âge médian 55 ± 6,7. Il n’y avait aucune différence concernant le sexe, les scores de Child-Pugh et MELD, le délai médian entre l’inscription et la TH, le traitement immunosuppresseur et la durée médiane de suivi. Les patients du groupe alcool étaient plus jeunes (p = 0,02), ont présenté plus de syndrome de sevrage post-TH (p = 0,001) étaient plus souvent transplantés pour cirrhose mixte alcool+VHC (p = 0,004), ou compliquée d’un CHC (p = 0,01). Sur l’analyse du foie explanté, il y avait plus de stéatose > 30 % dans le groupe alcool (p = 0,005). La survie des patients dans le groupe alcool et dans le groupe contrôle était respectivement de 92,9 % et 90,4 % à un an, 85,8 % et 81,7 % à 5 ans (ns). La survie du greffon dans le groupe alcool et dans le groupe contrôle était respectivement de 92,9 % et 85,6 % à un an, et de 85,8 % et 75,1 % à 5 ans, (ns). La rechute de consommation d’alcool était significativement plus fréquente dans le groupe alcool (52,5 % vs 33,8 %, p = 0,004), mais sans différence significative concernant la rechute excessive, et sans impact sur la survie à 5 ans. Elle était plus précoce chez les patients du groupe alcool (11 mois vs 21,4 mois, p = 0,03). Il n’y avait pas de différence significative entre les 2 groupes concernant la durée d’hospitalisation, les complications infectieuses. Il y avait plus d’épisodes de rejet aigu chez les patients rechuteurs excessifs comparés aux patients abstinents ou rechuteurs occasionnels (19,2 % vs 5 %, p = 0,03). Les analyses histologiques du greffon ont mis en évidence une stéatose > 30 % à 1 an, plus fréquente chez les patients du groupe alcool (p = 0,03), mais cette différence n’était pas significative à 5 ans.
Conclusion : Cette étude est la première à rapporter les résultats de la TH chez des patients alcoolisés le jour de la greffe. Comparés à un groupe contrôle, il n’y a pas de différence ni en terme de survie du patient et du greffon à 5 ans, ni en terme de rechute excessive de consommation d’alcool. Ces résultats plaident pour une réévaluation de notre diagnostic de l’abstinence et de la consommation d’alcool avant TH pour CA.
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Vol 33 - N° HS1
P. 17 - mars 2009 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.