P.33 - Résultats d’une enquête nationale sur le recours à des traitements alternatifs au cours du syndrome de l’intestin irritable - 02/04/09
H Hagège [1],
R Benamouzig [2],
B Savarieau [1],
G Cargill [3],
JL Dupas [4],
L Bueno [5],
S Bruley des Varannes [6]
Voir les affiliationsIntroduction : La prise en charge du syndrome de l’intestin irritable (SII) représente une part importante de l’activité du gastroentérologue. La place des traitements alternatifs y est mal connue. L’objectif de cette enquête nationale était d’évaluer pour la première fois le recours à ces thérapeutiques et le niveau de satisfaction des patients.
Patients et Méthodes : Les patients inclus étaient adultes et consultaient un gastroentérologue pour un SII. Un questionnaire médical précisait la symptomatologie et les traitements médicamenteux ou alternatifs. Un auto-questionnaire patient anonyme portait sur les professionnels de santé consultés, l’information reçue et le niveau de satisfaction vis-à-vis des traitements. Parmi les 790 gastroentérologues sollicités, 644 (81,5 %) ont participé à cette enquête menée de mars à septembre 2008. 2 933 paires de questionnaires médecin-patient étaient analysables.
Résultats : Les patients étaient en majorité des femmes (72 %), étaient âgés de 52 ± 16 ans et souffraient d’un SII depuis 10 ± 11 ans. Il s’agissait d’un nouveau patient pour le gastroentérologue dans 37 % des cas. 82 % des patients estimaient avoir reçu l’information souhaitée sur leur SII. Parmi les symptômes les plus fréquemment observés on notait : douleur : 91 %, ballonnements : 62 %, constipation : 37 %, épigastralgies : 22 %). Sur une échelle visuelle analogique allant de 0 à 10 le niveau de satisfaction générale des patients sur leur prise en charge était de 5,1 ± 2,5 et 28 % avaient un niveau de satisfaction ≤ 3. Vis-à-vis du traitement médicamenteux traditionnel, le niveau de satisfaction était de 4,9 ± 2,4 et 31 % des patients avaient un niveau de satisfaction ≤ 3. 20 % des patients avaient eu recours au cours des 12 derniers mois à un ou plusieurs traitements alternatifs (13 % selon les médecins, p < 0,0001). Le niveau de satisfaction vis-à-vis de ces traitements n’était pas supérieur à celui des traitements traditionnels : probiotiques = 4,4 ± 2,7 (n = 970), homéopathie = 3,6 ± 3,0 (n = 492), ostéopathie = 3,7 ± 3,2 (n = 381), acupuncture = 3,4 ± 3,2 (n = 341), relaxation = 3,7 ± 3,4 (n = 361), phytothérapie = 3,2 ± 3,1 (n = 335), psychothérapie = 3,2 ± 3,1 (n = 335), cure thermale = 3,1 ± 3,5 (n = 232), sophrologie = 2,1 ± 3,2 (n = 205), hypnothérapie = 0,8 ± 2,2 (n = 159). En analyse multivariée, le recours aux traitements alternatifs était lié à : sexe féminin (p < 0,001), ancienneté du SII (p < 0,0001), alternance diarrhée-constipation (p < 0,0001), ballonnements (p < 0,01) et anxiété/dépression (p < 0,0001), mais pas au niveau global de satisfaction.
Conclusion : Au cours du SII, plus de 80 % des patients considèrent leur niveau d’information comme satisfaisant. Les gastroentérologues sous-estiment le recours de leurs patients à des traitements alternatifs. Ce recours est lié à l’ancienneté du SII, l’alternance diarrhée-constipation, les ballonnements et l’anxiété-dépression. Ces diverses thérapeutiques alternatives ne donnent pas un niveau de satisfaction supérieur aux traitements traditionnels.
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Vol 33 - N° HS1
P. 35 - mars 2009 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.