P.155 - Infliximab et maladie de Crohn : expérience monocentrique chez 100 patients - 02/04/09
Introduction : Le but de ce travail a été, à partir d’une série rétrospective de 100 patients, d’évaluer les résultats de l’infliximab dans la maladie de Crohn et notamment la durée de la réponse et les effets de l’association avec un traitement immunomodulateur.
Patients et Méthodes : Tous les patients atteints de maladie de Crohn certaine et ayant reçu au moins une injection d’infliximab à la dose de 5 mg/kg entre janvier 2001 et juin 2008 ont été inclus. Les patients n’ayant pas répondu cliniquement à 2 injections d’infliximab ont été considérés comme non répondeurs. L’indication de l’infliximab était une maladie de Crohn fistulisante dans 59 cas (fistules ano-périnéales : 52) et luminale dans 41 cas. Un traitement immunomodulateur (azathioprine 62, méthotrexate 12) était associé à l’infliximab dans 74 cas. La réponse clinique en fonction du temps a été évaluée par la méthode de Kaplan-Meier et l’analyse des effets des immunomodulateurs par le test du log-rank.
Résultats : Parmi les 100 patients (76 femmes), d’âge moyen 33,7 (extrêmes 15-66) ans, ayant une maladie de Crohn évoluant depuis en moyenne 8,4 (1-30) ans, 19 n’ont pas eu de réponse après 2 injections d’infliximab. Quatre-vingt un patients ont répondu à l’infliximab et ont reçu en moyenne 7,6 injections (extrêmes : 1-30) avec un suivi moyen de 25 mois (3 - 96). En analyse multivariée, seule la localisation iléocolique (OR = 9,2 ; IC 95 % 2,3 - 37,1 ; P = 0,002) était associée à la réponse initiale à l’infliximab ; la présence d’une sténose était un facteur d’échec à l’infliximab (OR = 0,09 ; IC 95 % 0,02 - 0,35 ; P = 0,0007). Chez les 81 répondeurs, la réponse s’est maintenue dans respectivement 79,2 % et 68,3 % des cas à 1 et 3 ans. Le taux de réponse à 1 et 3 ans était significativement supérieur (82,5 % vs 70,1 % et 71,7 % vs 58,4 % ; P = 0,01) en cas d’association de l’infliximab à un traitement immunomodulateur. A l’arrêt de l’infliximab, le taux de rechute de la maladie de Crohn était de respectivement 48,9 % et 70,5 % à 1 et 3 ans ; le délai médian de la rechute était significativement plus court (6 vs 20 mois ; P = 0,05) en l’absence de traitement immunomodulateur après l’arrêt de l’infliximab. Vingt-trois effets secondaires (dont 3 graves : une varicelle compliquée et 2 chocs anaphylactiques, 0 décès) ont été observés. L’effet secondaire le plus fréquent était l’allergie survenue chez 13 patients, dont 7 fois au cours d’un retraitement (OR = 9,1 ; IC 95 % : 2,6 - 32 ; P = 0,0008). Le risque d’allergie était significativement augmenté (OR = 9,3 ; IC 95 % 2,5 - 34 ; P = 0,0006) chez les patients ne recevant pas de traitement immunomodulateur.
Conclusion : Notre travail indique que dans la maladie de Crohn (a) 8 malades sur 10 répondent à l’infliximab et que la réponse se maintient dans 2 cas sur 3 à 3 ans ; (b) l’association d’un traitement immunomodulateur à l’infliximab augmente le taux de réponse à moyen terme et diminue le risque d’allergie ; (c) l’arrêt de l’infliximab est suivi d’une rechute dans 70 % des cas à 3 ans.
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Vol 33 - N° HS1
P. 96 - mars 2009 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.